Des discussions sont en cours entre les gouvernements espagnol et français en vue de subventionner le passage transfrontalier de marchandises entre les deux pays, au Perthus.
L’enjeu climatique est global : faire préférer le train à la route. Ici, il s’agit d’inciter les sociétés de transport international à emprunter le rail pour rallier l’Europe depuis la péninsule ibérique, elle-même plaque tournant du frais de, et vers, l’Afrique.
Le passage du col du Perthus, dans les Pyrénées-Orientales se place dès lors comme le pivot de cette politique européenne aux retombées économiques qui peuvent être colossales. Forts de ces éléments, l’Espagne et la France souhaitent, dans le détail, subventionner les redevances ferroviaires réclamées aux transports de marchandises pour franchir le tunnel du Perthus.
Une infrastructure gigantesque et coûteuse (ce sont les Pyrénées qui ont été percés sur 8,3 kilomètres pour plus d’un milliard d’euros, afin de relier Le Perthus à Figueres) pourtant sous-exploitée, même si le fret ne fait pas défaut, “il est en train d’exploser”, indiquait le 31 mai dernier, à L’Indépendant, le directeur de l’exploitant LFP, Petros Papaghiannakis.
300 à 700 euros de “péage” par convoi
La redevance pour un convoi de fret est comprise entre 300 et 700 euros (tarifs indiqués par la direction de LFP Perthus en mai 2023). C’est donc une partie de cette somme qui serait prise en charge par les deux Etats.
Ce petit tronçon de 8,3 kilomètres est capital dans le projet, bien plus vaste, de corridor ferroviaire méditerranéen voulu par l’Espagne : 1 300 kilomètres de l’Andalousie à la Catalogne, et au Perthus, grâce à des écartements de rails enfin similaire. La différence ayant jusqu’ici privé l’Epagne de liaisons fluides avec le reste de l’Europe.
Pour rappel, aussi, l’Espagne a obtenu de la Commission européenne, le droit de garder ses autoroutes gratuites si elle s’engage à réduire drastiquement les émissions de CO2 du transport routier avec des mesures qui encouragent le transport ferroviaire de marchandises. Une nouvelle ère s’ouvre sans doute…
En mai dernier, le directeur de LFP confiait déjà son optimisme à L’Indépendant : “Le trafic va s’intensifier avec la prolongation de l’écartement international des rails au-delà de Barcelone en 2024-2025. Aujourd’hui, on capte 5 à 10 % de la demande espagnole, le jour où on captera les autres 90 % via Valencia, Alicante, Algésiras… on passera à une autre dimension”.
Les subventions en cours de négociation entre les ministères français et espagnols devraient accélérer la cadence. Une excellente nouvelle pour le concessionnaire, mais d’ici là, c’est silence radio au Perthus.
“Des conversations sont en cours entre les ministères des deux pays, pour le moment nous ne pouvons faire aucune déclaration à ce sujet”, indique sobrement la direction de LFP sollicitée lundi.
L’independant
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