Qui est Amadou Diallo ? (origine, famille et études)

Je suis né dans la capitale du Sénégal, Dakar, l’aîné de neuf enfants. Lorsque j’étais encore jeune, mon père a ouvert une boutique de chaussures.

C’est là que j’ai commencé à apprendre sur la vente, dès l’âge de six ans. J’avais seulement 12 ans lorsque mon père m’a confié la responsabilité du magasin pendant qu’il voyageait dans le pays pour développer l’entreprise. Et, bien sûr, j’étais toujours censé réussir à l’école.

Après le lycée, je suis allé à Paris pour intégrer une « Grande École », mais j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi. J’ai donc décidé d’aller à Londres.

J’ai appris l’anglais et j’ai obtenu une bourse d’études, tout en travaillant à plein temps dans un hôtel pour couvrir mes frais quotidiens. J’ai ensuite eu la chance d’être accepté pour un MBA au Royaume-Uni juste après avoir obtenu ma licence, en raison de mon expérience professionnelle.

Si vous deviez définir le secret de la réussite professionnelle, que diriez-vous à nos lecteurs ?

Il existe de nombreuses façons dont les gens définissent la réussite. Mais pour moi, la réussite est quelque chose que vous pouvez mesurer chaque jour. La façon de mesurer cela serait le scintillement dans les yeux des gens lorsqu’ils vous regardent en retour. Cela concerne les personnes de mon bureau, ma famille et mes amis. Tout le monde. Je fais tout mon possible pour créer cette positivité dans les yeux des gens : leur bonheur me rend heureux.

Donc, pour moi, le secret est de trouver des occasions de donner du bonheur aux gens, parce qu’ils vous donnent du bonheur en retour. Si vous pouvez voir ce scintillement, cela vous donne l’énergie de vous battre pour le lendemain. La vie est trop courte pour la considérer simplement comme une question de matérielle ou de réputation.

Votre carrière professionnelle est longue et exemplaire ; quelles en sont les étapes importantes que nous pourrions évoquer pour nos lecteurs ?

Au début de ma carrière, j’ai travaillé comme contrôleur financier, et parfois comme chanteur improvisé, dans un établissement touristique en Tunisie. Après un retour rapide à Paris, j’ai été embauché par une banque allemande et déménagé à Francfort.

Malheureusement, le projet sur lequel j’étais censé travailler n’a jamais pu être lancé, je me suis donc retrouvé sans emploi. Je ne parlais pas allemand à l’époque, mais j’ai pu trouver un poste dans une société de transport. J’ai appris l’allemand aussi rapidement que possible et finalement réussi à gravir les échelons pour devenir le directeur financier de l’entreprise.

J’avais toujours eu la passion de faire fonctionner efficacement des systèmes complexes, donc l’industrie du transport était une adéquation naturelle.

J’ai quitté mon poste dans cette société pour aller dans une autre société de transport maritime dont le PDG fut mon mentor. Par coup de chance, cette société a été rachetée, elle a fusionné avec DHL Global Forwarding qui m’embauche : soudain, j’étais un petit poisson dans un très grand lac, avec beaucoup d’espace pour grandir.

J’ai progressé au fil des années et j’ai relevé des défis plus importants et plus complexes dans diverses zones géographiques. J’ai particulièrement apprécié les cinq années que j’ai passées à Singapour, en charge de la région Asie-Pacifique. Finalement, je suis revenu dans ma région d’origine, le Moyen-Orient et l’Afrique, où je travaille maintenant en tant que PDG de DHL Global Forwarding.

Vous êtes le fondateur de la plateforme numérique Salodoo!, comment le nom vous est venu à l’esprit et de quoi s’agit-il ?

Nous avons lancé Saloodo! en 2017 pour mettre en lien les entreprises et les prestataires de transport en Allemagne et dans toute l’Europe. Nous avons toujours eu la liberté de développer des solutions uniques pour nos clients sur différents marchés, mais nous avons décidé qu’il était temps de rassembler ces solutions sur une plateforme centrée sur le client pour fournir une valeur maximale.

Saloodo! connecte les expéditeurs et les entreprises de transport certifiées par le biais d’une plateforme numérique. Alors que le marché classique est très fragmenté et opaque, notre plateforme a été développée en dehors des structures d’entreprise existantes par une petite unité agile, semblable à une start-up.

Le nom est dérivé d’une phrase d’accueil qui existe dans différentes langues, par exemple le « salut » français ou le « saludo » espagnol. Cela signifie « bonjour » et notre idée était d’accueillir chaleureusement nos utilisateurs dès qu’ils voient le nom de notre plateforme.

Vous êtes dans le cercle des décideurs du groupe DPDHL. Quelle est votre ambition pour l’Afrique ?

L’Afrique est un continent plein de potentiel. J’aspire à piloter l’entreprise et à en faire l’organisation logistique la plus efficace et rentable de la région, en collaborant avec les gouvernements et en fournissant aux entreprises de toutes tailles la plateforme dont elles ont besoin pour atteindre leurs objectifs. Et pour s’assurer que tout le monde en bénéficie, je comprends que nous aurons besoin d’une équipe socialement consciente et d’une organisation d’entreprise responsable.

Selon vous, quels sont les problèmes qui doivent encore être résolus pour développer la logistique sur le continent africain ?

L’Afrique est toujours une région émergente et elle présente des problématiques économiques uniques. L’infrastructure constitue à cet égard un défi important, tout comme les réglementations douanières complexes et le manque de responsabilité de certains prestataires. Nous ne pouvons pas changer ces facteurs d’un simple geste de la main, mais je pense que la logistique et le mouvement des marchandises à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique continueront d’être une force pour une plus grande connexion.

Nous savons que vous dirigez une fondation œuvrant dans le domaine social dans votre région natale de Kolda. L’idée de vous lancer dans la politique au Sénégal vous est-elle déjà venue à l’esprit ?

Oui, je pense qu’il est important de donner en retour à sa communauté. J’ai envisagé la politique, il est possible que je prenne ma retraite de mon poste actuel un jour, mais je n’arrêterai jamais de me battre pour l’Afrique.

Quel est le message que vous pouvez adresser aux jeunes africains en cette période de crise économique et financière sur le continent, dans le contexte de la pandémie de Covid-19 ?

Malgré les défis, l’avenir est toujours prometteur. Cela peut être difficile à percevoir aujourd’hui, mais l’Afrique ne fait que commencer à développer son potentiel économique. Si vous maintenez le cap, travaillez dur, vous surpassez et vous fixez des objectifs ambitieux, vous réussirez. Et lorsque vous réussissez, vous jouez votre rôle pour façonner l’avenir de l’Afrique.

Propos recueillis par Thierno