Vous êtes le Directeur Général de MKEA Transport-Logistiques, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et téléspectateurs (cursus universitaire et professionnel) ?
Parler de moi, c’est un peu définir le secteur d’activité dans lequel j’évolue. Je suis un petit maillon dans une chaîne établie au Sénégal au Mali en Gambie en Mauritanie. Parler de moi c’est aussi évoquer le domaine portuaire. Il y a l’existence d’un port, d’un aéroport et le but recherché par tout acteur, c’est la satisfaction du client en prenant en compte tous ses besoins et lui livrer sa commande dans les meilleurs délais à un coût raisonnable.
J’évolue dans le secteur depuis 2003 sortant de la formation de l’Institution Sainte Jeanne d‘Arc de Dakar tout en profitant de cette occasion pour remercier tous mes enseignants et toutes les entreprises par lesquelles je suis passé en tant que stagiaire au Sénégal avant de rejoindre l’Europe pour poursuivre mes études supérieures.
C’est vraiment un réel plaisir d’être dans un domaine du transport & de la Logistique et j’ai eu à évoluer dans divers secteurs d’activités. J’ai terminé mes études en France précisément au Havre et j’ai ensuite travaillé à Paris, à Londres et à Birmingham au Togo et au Bénin Quand je suis revenu au Sénégal, j’ai intégré le Groupe Bolloré qui est devenu maintenant AGL. C’est là-bas où j’ai acquis une expérience assez soutenue dans le secteur du transport et de la logistique. Merci à tous mes anciens collègues du Groupe Bolloré.
MKEA est l’une des sociétés leader dans le secteur de la logistique au Sénégal, parlez-nous de vos différentes activités et services ?
MKEA Transport-Logistics est une société créée depuis 2020. C’est un petit parmi les grands, nous essayons d’évoluer par rapport à l’activité que nous menons et services que nous offrons notamment le transport, la manutention, l’entreposage et stockage. Nous disposons d’une flotte de camions, des moyens de levage avec un personnel formé pour répondre à toute demande. Nous livrons au Sénégal et dans la sous-région.
Nous remercions tous les acteurs, les autorités qui nous ont accompagnés dans la mise en place de la compagnie pour répondre aux besoins de tout un chacun. Nous ne faisons pas de différenciation entre les opérateurs car nous travaillons avec tout le monde.
Le thème de cet entretien, c’est la logistique des mines, un secteur que vous connaissez bien, pouvez-vous nous en parler ?
La première fois que j’ai découvert une mine c’était dans la région de Kédougou un secteur totalement inconnu et vraiment impressionnant. Dans le cadre d’un projet minier, vous avez du matériel assez lourd, cher et complexe qui nécessite toutes les études avant la phase d’exécution. Une étude de faisabilité est préalablement définie en prenant en compte tous les aspects de la chaîne logistique, de l’environnement.
Tous ces aspects regroupés font de cette industrie un secteur passionnant, complexe mais fluide, si toutes les études sont bien réalisées avec implication de tous les acteurs directement voire indirectement impliqués dans la chaine. Ce n’est pas juste faire exécuter une commande, il faut vraiment le confier à des spécialistes, c’est une industrie assez spécialisée avec des données précisesoù il y a beaucoup d’exigences à respecter avec une expertise qualifiée et une expérience avérée pour mener cette activité.
Le Sénégal est un pays riche en ressources minières, comment se présente sa carte des mines ?
Aujourd’hui, quand on parle de la cartographie minière du Sénégal sans rentrer dans les détails, dans la région de Kédougou la mine de Sabadola, de Mako avec l’or. Lephosphate au niveau de la région de Matam, de Diogo avec le zircon, les différentes carrières pour les cimenteries et le fer. Il y a aussi d’autres ressources et minerais encore inexploités.
On ne va pas orienter la localisation mais on peut seulement dire que les ressources existent à travers tout le Sénégal. Nous avons tout ce qui est matériaux précieux mais cela reste toujours à l’état brut sans aucune transformation avant l’exportation. Nous sommes un pays « béni » avec une variété de ressources minières s’y ajoutent le pétrole et le gaz…
Souvent on cite cette métaphore : « l’Afrique est un mendiant assis sur une mine d’or ». Qu’est-ce-qui fait que le continent n’arrive pas à profiter de ses ressources minières ?
Espérons que les générations à venir tireront profit de ces ressources minières tout en ajoutant une plus-value à la démarche de transformation qui serait sans doute déclenchée par notre génération actuelle. Parlant de la formation, pensons que les élèves avant d’être étudiants doivent être sensibilisés sur des métiers qu’ils peuvent exercer plus tard. Il faut que cette jeunesse actuelle soit orientée vers ces métiers de l’avenir et ne pas faire des études seulement pour le plaisir et avoir des diplômes sans aucune compétence professionnelle.
Il faut vraiment que le département ministériel puisse travailler sur ces aspects. On n’a pas besoin de faire beaucoup d’études et de rester avec un diplôme pour chômer après. Il est important de professionnaliser le secteur par la formation spécialisée des étudiants parce que les entreprises ont besoin de cette ressource humaine qualifiée. Il faut aussi motiver les Sénégalais de l’étranger à revenir au pays et investir.
Cela favorisera la professionnalisation du personnel dans des secteurs d’activité notamment le secteur minier, le secteur agricole, etc. Si nous avons besoin de professionnels, nous pouvons les amener, mais il va falloir travailler sur le transfert de compétences et des technologies. Nous ne sommes pas contre le fait d’être ouvert à l’international mais il faut travailler sur des systèmes gagnant-gagnant.
Localement, il faudra que les Sénégalais soient plus impliqués dans les projets et qu’on puisse avoir ce transfert de compétence pour prendre le relais. Sans aucune transformation de nos ressources minières avant toute exportation, sans aucune prise de conscience et forte implication de nos autorités locales, votre interrogation sera léguée aux générations futures malheureusement.
Le développement est un grand défi pour le continent africain, comment les ressources minières peuvent permettre à ce dernier d’atteindre ses objectifs en termes de développement ?
L’aspect financier n’est pas seulement un blocage mais il y a aussi l’expérience qui est essentielle. Par exemple, l’Afrique du sud est très efficace dans le secteur minier pour ne pas citer d’autres. Même au Sénégal, cela fait des années qu’on exploite des mines d’or. On a cette capacité ou expertise mais si on avait accentué ce transfert de technologie et de compétences, on aurait formé beaucoup de sénégalais qui auraient pu reprendre le flambeau et se dire nous sommes capables de faire gérer une exploitation minière.
Nous sommes à l’aise pour vous dire qu’il y a des artisans sénégalais qui se sont formés en collectif qui souhaitent acheter l’or à la mine pour pouvoir le transformer et le vendre sur le marché local. Voilà une initiative à saluer. Dans chaque pays, il y a un quota ou une part des retombées découlant de l’exploitation minière, qui est octroyée aux Etats, mais ces taux doivent être revus à la hausse.
Je pense que dans plusieurs pays, ils sont en train de revoir tous les contrats signés avec les compagnies et au niveau de certains pays voisins, il y a la mise en place d’usines de raffineries pour transformer l’or brut avant de pouvoir l’exporter et c’est une bonne chose. Voilà un secteur peut être inconnu mais c’est un domaine d’activité qui requiert une bonne qualification de la main d’œuvre, d’un transfert de technologies et de compétences. Nous nous devons de transformer nos propres ressources minières comme nous nous devons de maîtriser notre autosuffisance agricole et énergétique.
Que pensez-vous du magazine Africa Supply Chain ?
Je vous suis à travers les réseaux et à travers les publications que vous faites dans les différents réseaux d’activité. C’est une forte communication que vous faites dans le secteur de la supply chain. Nous apprécions le fait que vous soyez ouverts à l’international. Nous vous encourageons à vous diversifier et à initier beaucoup de sujets de réflexion comme vous le faites d’ailleurs. Nous vous conseillons fortement de ne pas entrer dans les polémiques politiciennes. Il faut verrouiller toute cette partie et porter une communication constructive dont le secteur de la Supply Chain a besoin.
Source : Entretien magazine Nº 9
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