Dossier : « L’impact de la pandémie de Covid-19 sur les perspectives pétrolières et gazières en Afrique : Le cas du Sénégal »
18 février 2022 / 10:52

Un panel de très niveau initié par le Magazine Africa Supply chain s’est tenu à Dakar le 23 septembre lors d’un wébinaire sous le thème « l’impact de la pandémie Covid-19 sur les perspectives pétrolières et gazières en Afrique le cas du Sénégal ». Une rencontre très importante qui a vu la participation d’éminents experts sur la question notamment l’ancien Ministre Mary Teuw Niane actuel Président du Conseil d’Administration (PCA) de PETROSEN SA, Monsieur Assane Ndao Ingénieur en Supply Chain et spécialiste en Oil and Gas, Monsieur Ibrahima Faye, Juriste-Magistrat et Monsieur Ballé PREIRA Journaliste qui était le présentateur.
A travers les différentes interventions, nous avons pu recueillir l’avis de chacun sur les questions liées aux conséquences subies par le secteur pétro-gazier durant la crise de la Covid-19, les interactions qui se sont produites dans l’environnement des ressources énergétiques ainsi que les perspectives qui se dessinent pour le Sénégal quant à l’exploitation de cette manne qui peut considérablement booster son économie dans un avenir proche.

L’impact de la pandémie de Covid-19 sur les activités pétrolières et gazières au Sénégal

Le Sénégal qui dispose de réserves importantes de pétrole et gaz naturels est sur le point de devenir un important producteur d’hydrocarbures. Cette richesse en ressources énergétiques offre au pays des opportunités économiques financières et sociales certaines, mais qui sont aujourd’hui bousculées par la pandémie à Coronavirus.

La Covid-19, apparue en fin 2019 en Chine a touché toutes les parties du monde et a pris des proportions inquiétantes étant été déclarée
pandémie en mars 2020 par l’OMS. Du coup, la crise sanitaire a mis à l’arrêt l’essentiel des activités humaines sinon la marche du monde.

Ce qui a fait dire au journaliste Ballé Preira modérateur du panel, que « les meilleurs prospectivistes n’avaient pas vu venir cette crise multidimensionnelle qui a fini de remettre en cause les certitudes et de conviction dans les manières de voir de penser et d’agir ».
D’où l’intérêt de cette conférence qui a eu pour objectif principal d’étudier l’impact de la pandémie sur les perspectives pétrolières et gazières en Afrique, le cas du Sénégal.

Interpellé sur la question, l’actuel PCA de Petrosen, Mary Teuw NIANE, a tenu à féliciter les organisateurs du panel qui constitue une vitrine d’échanges pour les différents acteurs concernés tout en faisant un état des lieux de la situation qu’a traversé le Sénégal durant cette période ainsi que les répercussions constatées au sein de l’entreprise nationale qu’il dirige.

Selon les propos de Mary Teuw Niane « l’arrivée de la Covid-19 a coïncidé avec la période de restructuration de Petrosen SA en un groupe
constitué de Petrosen Holding, Petrosen exploration et production et Petrosen trading et services et en même temps la mise en place
de la gouvernance correspondante à cette restructuration ».

La Covid-19 a perturbé la planification qui était faite en amont parce que dit-il « le Sénégal est passé de la phase d’exploration à la phase mise en place du dispositif de production malgré tous les efforts conjoints de Petrosen avec les partenaires ont permis de minimiser les retards » a-t-il expliqué.

Selon les propos de Mary Teuw Niane « l’arrivée de la Covid-19 a coïncidé avec la période de restructuration de Petrosen SA en un groupe
constitué de Petrosen Holding, Petrosen exploration et production et Petrosen trading et services et en même temps la mise en place de la gouvernance correspondante à cette restructuration ».

L’ancien Ministre de l’Enseigment Supérieur et de la Recherche Scientifique est plus ou moins réaliste quant à la production pétrolière au niveau du Sénégal estimant qu’il faut compter durant l’année 2023 pour que les premières productions gazières et pétrolières soient effectives. Pour Sangomar le premier puits de production a été complètement foré et que les perspectives étaient que les forages des différents puits vont se poursuivre jusqu’ en fin 2022 et le Floating Production Storage and Offloading (FPSO) va être installé durant 2023 et permettre la production.

Donc, il y a eu une réduction des délais d’impact et il est lié à beaucoup de facteurs si on prend par exemple le projet du Grand Tortue Ahmeyin (GTA), on a une disposition d’une fenêtre pour l’installation de tout le dispositif permettant de sécuriser la production en haute mer. Cette fenêtre, à chaque fois qu’on la rate le Sénégal perd six mois à un an. Cela a été le cas en premier lieu, mais cette fois-ci toutes les disposions prises ont permis d’aller dans le sens de son installation. Il y a sans doute un retard plus important lié à la vente de blocs offshores.

M. Niane soutient dans ce sens que « juste avant la Covid-19, Petrosen avait lancé la promotion d’abords puis la vente d’une dizaine de blocs offshore mais évidemment la pandémie a ralenti le processus ». « Nous sommes actuellement rivés sur l’horizon 2023 avec le démarrage de la production de pétrole et de gaz. Les délais ont été maintenus malgré un léger retard lié à la crise » a précisé le PCA de Petrosen.

Assane Ndao, Ingénieur en Supply Chain et spécialiste Oil and Gas fait partie des éminents intervenants lors de la conférence. Il a évoqué «une dizaine d’études effectuées sur les impacts dans différentes zones ». Parmi lesquelles, une qui est excellente et qui revient sur les impacts en Afrique subsaharienne. Il s’agit d’une étude de référence régionale et qui vient de la chambre consulaire de l’UEMOA intitulé « Rapport Covid-19, impact de la pandémie sur le secteur privé de l’UEMOA diffusé en mai 2020 ».

Revenant sur les impacts concernant les opérations au Sénégal, le spécialiste Oil and Gas explique que « c’est principalement pour Capricorne Sénégal à l’époque, et les opérations de Woodside, des reports de 18 mois, le « first oïl » est prévu en 2022 ou 2023. S’estimant moins réaliste que le PCA de Petrosen, Assane Ndao préfère miser sur 2024 même s’il pense qu’en 2023 cela reste faisable.

« Ce serait serré en termes d’opérations mais espérons. Je dirai entre 2023 et 2024 pour first Oïl et pour cette phase une de production qui est estimée à 300.000 millions barils pour une production journalière de 100.000 barils jour qu’on devrait atteindre rapidement entre 2024 et 2025 » a-t- il fait savoir.

Poursuivant ses propos, il soutient : « On a le projet BP Investment au Sénégal avec le projet Grand Tortue Ahmeyin. Un report de 12 mois à
peu près. Firsts gaz entre 2022 et 2023 puisque le Floating liquefied natural gas (FLNG) est en train d’être préparé et le FPSO pareil pour le projet Sangomar. On part sur une production entre 17 et 20 millions de Mètre cube de gaz pour des réserves estimés à 450 milliards de Mètre Cube. L’autre impact, c’est la baisse du budget d’investissement de -25% sur tous les projets au niveau mondial et ça s’est répercuté sur les projets en Afrique et au Sénégal ».

Le spécialiste Assane Ndao pense que « le Sénégal a beaucoup de chance puisque le projet Sangomar est l’un des rares projets à avoir été
maintenu. La décision finale d’investissement était déjà sortie. Une bonne partie des fonds avait été obtenue c’est pourquoi le projet n’a pas subi un gros retard. Précisons que Sangomar c’est à peu près 4,2 milliards et le coût de GTA serait un peu plus élevé, on parle autour de 10 milliards. Par ricochet, un impact pas des moindres à noter, c’est le report du démarrage de ces projets phares ».

De ce fait, l’État du Sénégal va avoir un manque à gagner en termes de revenus budgétaires. Sur une production de 100.000 barils de pétrole par jour et une production entre 17 et 20 millions de Mètre cube de gaz, cela nous fait une production cumulée de 200.000 barils par jour. On va dire que c’est un manque à gagner aux alentours d’1 milliard de dollars en termes d’impact budgétaire positif. Cette production pétro-gazière devrait apporter au Sénégal environ 800 à 1000 milliards de Frans CFA par an. Cela équivaut à 30% des revenus du Sénégal.

Le Magistrat Ibrahima Faye est le troisième intervenant lors de cette conférence, il est en même temps spécialiste en matière de règlementation pétrolière et gazière. En termes de conséquences, les différentes parties prenantes peuvent être littéralement affectées par la crise qui frappe le secteur des hydrocarbures. Mais pour le juriste M. Faye, il faut déjà s’atteler à un exercice plus ou moins élémentaire à savoir la qualification juridique des faits. Quelle est l’incidence de cette pandémie dans l’exécution des contrats en cours
furent-ils pétroliers ou gaziers ?

« Dans un premier temps on pense à la force majeure ou à l’improvisions, ce sont les deux situations exceptionnelles qui sont susceptibles
d’avoir des conséquences sur l’évolution des contrats en cours. Au Sénégal, la force majeure est prévue par les dispositions de l’article 129 du Code des obligations civiles et commerciales (COCC) qui prévoient qu’il n’y a pas de responsabilités si le fait dommageable est la conséquence d’une force majeure. C’est un élément extérieur insurmontable et qui est impossible à prévoir. Pour caractériser la force majeure, nécessairement il faut trois éléments : un élément extérieur, un élément imprévisible et un élément irrésistible ». Se prononçant sur la question liée au manque de cadres réglementaires de l’industrie gazière et pétrolière en Afrique, le juriste pense qu’il faut éviter de généraliser en parlant d’un manque de cadre législatif réglementaire en Afrique. Les situations sont différentes de par leur zone géographique et de par leur réalité socioéconomique. Par exemple, le Sénégal n’a rien à envier en termes de cadre législatif réglementaire et même institutionnel aux pays développés alors qu’il n’est pas encore un pays producteur.

Par contre, ce qu’il peut dire c’est qu’il y a certains points dans les législations pétrolières et gazières en Afrique dans les contrats pétroliers qui sont les sources de problèmes la plupart du temps mais aussi constituent un frein au développement de certains projets du fait de leur imprécision ou de leur interprétation par les différentes parties prenantes.

C’est le cas de l’Ouganda qui est assez illustratif sur ce point. En réalité, plusieurs années après des découvertes importantes, la production
tarde à démarrer à cause d’un différend entre l’État et une grande compagnie pétrolière. Lequel différent est relatif au paiement d’une taxe sur la cession de part entre ladite compagnie et l’État. Ce genre de contentieux a été soulevé en un moment donné au Sénégal, cette problématique de la fiscalité dans les contrats pétroliers et gaziers démontre la transversalité de cette législation. Il ne s’agit pas d’avoir un bon contrat ni un bon code pétrolier mais plutôt un cadre normatif et réglementaire vertical qui prend en compte les aspects économiques fiscaux environnementaux et sociaux.

Pour ce qui concerne le manque de capital humain, on dispose certes des juristes spécialisés dans ce domaine mais ils ne sont pas assez
nombreux pour constituer une masse critique. C’est pour cette raison que le Sénégal dans le cadre de ses négociations avec les entreprises
pétrolières a recruté des cabinets d’avocats de catégories une et des cabinets d’ingénierie pétrolières et fiscales puisque ces dernières utilisent ces mêmes cabinets. Le principal défi à relever pour les années à venir c’est de disposer des cabinets d’avocats qui puissent donner le même type d’expertise.

Ce qu’il faut retenir c’est que « les entreprises nationales doivent pleinement profiter de ce cadre institutionnel et règlementaire et bénéficier de cette chaine de valeur. Le secteur public, (l’État et ses démembrements), a fait les réformes nécessaires pour qu’on dispose d’un cadre
légal et institutionnel aux standards internationaux. Comme nous sommes à l’orée de la production les prochains défis seront liés certainement à la transparence dans la gouvernance des ressources à la formation des ressources humaines et à l’utilisation des futurs revenus ».

Youssou Boun Hatab SANE : Responsable Medias Groupe ALM

2 Commentaires

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