La supply chain en Afrique : Problématiques, Enjeux et Défis
12 septembre 2023 / 10:42

Satisfaire le client final (consommateur ultime) est la raison d’être de toute Supply Chain. Les challenges sont multiples depuis la configuration de la Supply Chain jusqu’à son exécution. Ainsi, on essaiera d’agir sur la vélocité de la Supply Chain qui contribue largement à relever le défi de la vitesse d’exécution : barrières tarifaires, contrôles incessants,…

La mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) va avoir un impact significatif sur la Supply Chain en Afrique. La ZLECAF est un accord commercial historique qui vise à créer un marché unique et intégré en Afrique, en éliminant progressivement les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce intra-africain. Le fameux triptyque « coût-qualité-délai »,  va y retrouver tout son sens en ce qu’il challengera, non seulement, les entreprises mais nos Etats aussi.

Déterminer les ressources nécessaires à la production d’un bien ou service, constitue l’objectif principal de la Supply Chain, avec comme leviers de compétitivité, la réduction des coûts et délais. Dans cette perspective, les entreprises africaines sont confrontées à plusieurs challenges dans l’exécution de leur stratégie de conquête de marché.

Nous sommes des pays importateurs de presque tout ce que nous consommons. Plus la population augmentera (notamment cette fameuse classe moyenne) plus nos importations augmenteront. Les congestions récurrentes dans nos ports ont des impacts négatifs sur nos Supply Chain :

  1. Ralentissement du commerce : la congestion des ports entraîne des retards dans le traitement des marchandises importées ou exportées, ce qui peut entraîner des retards dans la livraison des biens aux consommateurs et dans l’approvisionnement en matières premières pour les industries. Cela peut affecter la compétitivité des entreprises et nuire à la croissance économique.
  2. Coûts supplémentaires : les retards causés par la congestion portuaire entraînent des coûts supplémentaires pour les entreprises et les consommateurs. Les frais de stockage, les pénalités pour non-respect des délais de livraison, les coûts de main-d’œuvre supplémentaires et les coûts d’opportunité liés aux retards peuvent tous s’accumuler et entraîner des pertes financières importantes.
  3. Inefficacité logistique : la congestion des ports peut refléter des problèmes plus vastes d’infrastructures de transport et de logistique sous-développées en Afrique. Des routes mal entretenues, des systèmes de transport intérieur inefficaces et des douanes lentes peuvent aggraver la congestion portuaire, entraînant une chaîne d’approvisionnement inefficace et des coûts logistiques élevés.
  4. Réduction de l’attrait des investissements : les entreprises cherchent généralement des environnements commerciaux stables et efficaces pour investir. La congestion portuaire peut décourager les investissements étrangers, car elle augmente l’incertitude et les risques liés aux opérations commerciales.
  5. Perte de compétitivité internationale : lorsque les délais de livraison augmentent en raison de la congestion portuaire, les entreprises africaines peuvent perdre en compétitivité sur les marchés internationaux. Les pays disposant d’infrastructures portuaires efficaces ont un avantage concurrentiel, car leurs produits peuvent atteindre les marchés plus rapidement.
  6. Impact social : la congestion des ports peut également avoir des répercussions sociales, en particulier pour les travailleurs portuaires et les communautés environnantes. Les retards et les problèmes opérationnels peuvent entraîner une augmentation du chômage, des grèves ou des tensions sociales

Ces défis dans l’exécution de la Supply Chain rendent un peu plus complexe la planification stratégique de la Supply Chain en Afrique. Le Sales & Operations Planning (S&OP) est un outil essentiel de planification stratégique de la supply chain. Il vise à équilibrer l’offre et la demande en alignant les plans de vente, de production et de distribution d’une organisation. En Afrique, la mise en œuvre du S&OP peut également faire face à certains défis spécifiques pour équilibrer l’offre et la demande:

  1. Volatilité de la demande : Dans de nombreux pays africains, les marchés peuvent être sujets à une volatilité accrue en raison de facteurs tels que les fluctuations économiques, la planification au niveau de l’état, des politiques publiques de développement une réelle visibilité pour l’essor des entreprises, prises souvent comme vaches à lait. Cela rend la prévision de la demande plus difficile et peut entraîner des déséquilibres entre l’offre et la demande.
  2. Manque de données fiables : la disponibilité de données fiables et en temps opportun peut être un défi en Afrique. Les systèmes de collecte de données peuvent être insuffisants, ce qui complique la planification précise de la supply chain. Des données inexactes peuvent conduire à des décisions de planification erronées.
  3. Infrastructures et connectivité : le manque d’infrastructures développées dans certaines régions d’Afrique peut affecter la circulation des produits et l’accès à l’information en temps réel. Cela peut entraîner des retards dans la distribution et rendre difficile le suivi des niveaux de stocks et de la demande réelle.
  4. Complexité logistique : la logistique en Afrique peut être complexe en raison des vastes distances et des différentes options de transport disponibles. Trouver le moyen le plus efficace et économique pour acheminer les produits vers les marchés reste un défi.
  5. Capacités de production limitées : dans certains secteurs, les capacités de production peuvent être limitées, ce qui peut entraîner des goulots d’étranglement dans l’approvisionnement et des difficultés à répondre à une demande en augmentation.
  6. Coûts d’approvisionnement élevés : le coût de l’approvisionnement en matières premières peut être plus élevé en raison de facteurs tels que les frais de transport, les droits de douane et les taxes d’importation. Cela peut influencer les décisions de planification et les choix de localisation des opérations.

Pour surmonter ces défis et équilibrer l’offre et la demande, il est important d’adopter une approche intégrée qui tient compte des réalités spécifiques de chaque marché africain. Cela inclut la mise en place de mécanismes de prévision solides, l’utilisation d’outils technologiques pour le suivi en temps réel, l’amélioration des infrastructures logistiques et l’établissement de partenariats avec des fournisseurs fiables.

Une approche collaborative impliquant les différentes parties prenantes de la supply chain peut aider à anticiper et à répondre aux fluctuations de la demande, permettant ainsi une meilleure planification stratégique et une gestion efficace des opérations.

Malgré les défis, l’Afrique offre un énorme potentiel de croissance pour les entreprises engagées dans des opérations de Supply Chain. La classe moyenne en expansion, l’urbanisation croissante et la demande croissante de produits et de services créent des opportunités pour les entreprises bien positionnées, armées et outillées dans les principes de management de la Supply Chain.

Malgré les défis, le commerce régional se développe progressivement en Afrique. Des accords commerciaux régionaux tels que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) visent à stimuler le commerce intra-africain et à faciliter les mouvements de marchandises à travers les frontières. La mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) aura un impact significatif sur la Supply Chain en Afrique.

La ZLECAF est un accord commercial historique qui vise à créer un marché unique et intégré en Afrique, en éliminant progressivement les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce intra-africain. Les effets attendus sur la Supply Chain ne sont pas limitées à:

  1. Expansion du marché : la ZLECAF permettra aux entreprises africaines d’accéder à un marché beaucoup plus vaste. Cela entraînera une augmentation potentielle des échanges commerciaux entre les pays membres, ce qui signifie une demande accrue pour les produits et les services. Pour répondre à cette demande, les entreprises devront adapter leur Supply Chain pour acheminer efficacement les marchandises vers de nouveaux marchés.
  2. Simplification des procédures douanières : la suppression progressive des droits de douane et des autres obstacles au commerce facilitera la circulation des marchandises à travers les frontières. Cela réduira les coûts et les délais liés aux procédures douanières, ce qui aura un effet positif sur l’efficacité globale de la chaîne d’approvisionnement.
  3. Amélioration de l’efficacité logistique : Avec une augmentation du commerce intra-africain, les entreprises devront optimiser leur logistique pour réduire les délais de livraison et les coûts de transport. Cela pourrait conduire à de nouveaux investissements dans les infrastructures de transport, les hubs logistiques et les services de fret.
  4. Intégration des chaînes d’approvisionnement régionales : la ZLECAF favorisera une plus grande intégration des chaînes d’approvisionnement régionales en Afrique. Cela signifie que les entreprises pourront davantage se reposer sur des fournisseurs et des partenaires locaux pour certains composants ou étapes de production, ce qui peut améliorer l’efficacité et la résilience de la Supply Chain.
  5. Défis de concurrence : l’ouverture des frontières et l’augmentation du commerce peuvent également intensifier la concurrence pour certaines industries. Les entreprises devront s’adapter pour rester compétitives, ce qui peut entraîner des ajustements dans leurs stratégies logistiques et de distribution.
  6. Développement de nouvelles opportunités d’affaires : la ZLECAF peut créer des opportunités pour les entreprises spécialisées dans les services de logistique et de transport transfrontalier. De nouveaux acteurs pourraient émerger pour faciliter le mouvement des marchandises entre les différents pays africains.
  7. Normalisation et réglementation : la ZLECAF exigera une certaine harmonisation des normes et réglementations commerciales entre les pays membres. Cela pourrait simplifier certains processus de conformité, mais cela peut aussi nécessiter des ajustements pour se conformer à de nouvelles règles et exigences.

Le rôle des États est essentiel pour rendre compétitives les entreprises dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Les gouvernements jouent un rôle crucial dans la création d’un environnement favorable au développement des entreprises et à leur compétitivité sur le marché régional et international. On peut identifier des domaines dans lesquels, des mesures étatiques peuvent favoriser la compétitivité des entreprises :

  1. Infrastructures et logistique : les gouvernements doivent investir dans les infrastructures de transport, y compris les routes, les ports, les aéroports et les voies ferrées, pour faciliter la circulation des marchandises à travers les frontières. Une logistique efficace et bien développée est essentielle pour réduire les coûts de production et de distribution, ce qui peut améliorer la compétitivité des entreprises africaines.
  2. Facilitation du commerce : les États doivent simplifier les procédures douanières et les formalités administratives liées au commerce pour faciliter les échanges commerciaux intra-africains. Cela réduira les délais de traitement aux frontières et diminuera les coûts pour les entreprises, ce qui favorisera leur compétitivité.
  3. Accès au financement : les gouvernements peuvent mettre en place des politiques visant à améliorer l’accès au financement pour les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME). Des mécanismes tels que des lignes de crédit à taux préférentiels, des garanties gouvernementales ou des incitations fiscales peuvent aider les entreprises à investir dans l’innovation et à développer leurs activités.
  4. Soutien à l’innovation : les États peuvent soutenir la recherche et le développement (R&D) en offrant des incitations fiscales pour l’innovation, en finançant des projets de R&D ou en créant des centres d’innovation technologique. Cela permettra aux entreprises d’améliorer leurs produits et leurs services, ce qui renforcera leur compétitivité sur le marché.
  5. Formation et développement des compétences : les gouvernements peuvent investir dans l’éducation et la formation professionnelle pour développer les compétences de la main-d’œuvre. Des travailleurs bien formés et qualifiés peuvent aider les entreprises à améliorer leur productivité et leur efficacité.
  6. Normes et réglementations : les États peuvent harmoniser les normes et les réglementations commerciales au niveau régional pour faciliter le commerce intra-africain. Cela aidera les entreprises à répondre aux exigences réglementaires plus facilement, ce qui réduira les obstacles à la compétitivité.
  7. Promotion du commerce et du marketing : les gouvernements peuvent soutenir les entreprises en promouvant les produits africains sur les marchés internationaux. Cela peut se faire par le biais de campagnes de marketing, de participation à des foires commerciales internationales et de la création de partenariats commerciaux.

La Supply Chain en Afrique est confrontée à divers défis, mais elle évolue et s’améliore progressivement grâce aux efforts des entreprises, des gouvernements et des partenaires internationaux. Avec une approche innovante et des investissements ciblés, la logistique et la chaîne d’approvisionnement peuvent jouer un rôle clé dans la croissance économique durable du continent africain. La mise en place de la ZLECAF a le potentiel de transformer positivement la Supply Chain en Afrique.

Cependant, cela exigera des ajustements et des efforts d’adaptation de la part des entreprises pour tirer pleinement parti des opportunités commerciales offertes par ce marché unique continental. pour rendre compétitives les entreprises dans le cadre de la ZLECAF, les États doivent mettre en place des politiques favorables à l’investissement, améliorer l’infrastructure et la logistique, faciliter le commerce, soutenir l’innovation et le développement des compétences, harmoniser les normes et les réglementations, et promouvoir le commerce extérieur.

En travaillant ensemble, les gouvernements africains peuvent créer un environnement propice au développement des entreprises et à la prospérité économique dans le cadre de la ZLECAF.

Boumy GUEYE (Africa Supply Chain Magazine Nº8)

Formateur & Expert Certifié APICS en SCM

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