Au Sénégal, l’industrie occupe une part importante dans son PIB et contribue favorablement au développement du pays avec une dominance des entreprises du domaine de l’agroalimentaire notamment celles des Petites et Moyennes Industries (PMI). La finalité de ces dernières est de se mettre à niveau pour développer et produire des produits conformes aux exigences applicables (du client, réglementaire et interne) dans les délais requis, en optimisant l’utilisation des ressources (eau, énergie, main d’œuvre…).

Dans l’optique de vouloir s’améliorer et de se concentrer dans leur fonction de production, ces PMI ont tendance à négliger que son fonctionnement est fortement lié à une bonne mise en place de la logistique de production qui tend à absorber la gestion de la production toute entière. Une insuffisance de cette gestion entraine des conséquences significatives sur la rentabilité de l’entreprise.

Dans un contexte actuel au Sénégal fortement frappé par les effets négatifs de la crise de Covid-19 et la guerre Russo-ukrainienne, les entreprises augmentent sans cesse leurs prix à cause de la fluctuation des prix des matières premières et emballages. Face à ces problèmes, il est nécessaire de trouver les meilleures stratégies pour maintenir la compétitivité et satisfaire les clients.

La logistique de production consiste à apporter au pied des lignes de production les matériaux et composants nécessaires à la production et aussi à sa planification. Ces PMI utilisent en majorité la méthode d’organisation du « Make to order » ou production à la demande. La fabrication ne commence que lorsque la commande du client est reçue et confirmée.

A l’absence d’une planification et budget des achats pour les prévisions, ces entreprises naviguent à vue et font face à des ruptures de stock d’où une perte en chiffre d’affaires. Une bonne gestion des stocks efficace permettra de disposer de la situation du stock en temps réel, d’en avoir une maîtrise parfaite et être capable d’anticiper sur les éventuelles ruptures.

La sécurité des stocks (matières premières, ingrédients, emballages, étiquettes, produits chimiques…) en quantité et en qualité s’impose. Le stockage au dépôt doit se faire selon les bonnes pratiques de stockage pour assurer la conformité des marchandises stockées et en respectant également le FIFO (Premier entré, premier sorti). L’objectif est d’assurer entièrement à la production la disponibilité des matières premières, ingrédients et emballages nécessaires pour la réalisation de produits sûrs et conformes aux spécifications. Le verre occupe une place privilégiée au sein de l’industrie agroalimentaire.

En effet, il jouit d’une excellence image au niveau des consommateurs en raison de son innocuité. De plus, le verre favorise une longue conservation du produit. Il se recycle totalement et à l’infini et permet de protéger l’environnement. Malheureusement, au Sénégal il n’existe pas d’entreprises spécialisées dans la fabrication d’emballages en verre et bien d’autres emballages.

Cette situation pousse les entreprises à recourir à l’importation qui affaibli la performance des achats non seulement au niveau des droits et taxes à l’importation qui sont élevés mais aussi les fournisseurs se trouvent parfois à des distances avec des temps d’estimations de réception des emballages souvent longues. En général, on constate parfois beaucoup de ruptures de stock dans les entreprises de l’agroalimentaire au Sénégal quel que soit la taille de l’entreprise.

La difficulté persiste dans le pays car il est très difficile de trouver des emballages suffisants en quantité avec un constat général sur la cherté de ces emballages. Le Sénégal manque également une filière de gestion des déchets formelle et organisée (bouteilles en verre, pots, cartons…) pour la réutilisation conforme de certains emballages.

Le recyclage du verre permet de consommer moins d’énergie : une tonne de verre recyclé permet d’économiser jusqu’à une demi-tonne de CO2. Il est important de souligner que le Sénégal présente une agriculture avec un faible niveau de productivité de certaines matières premières de bases (fruits et légumes) nécessaire à la transformation de produits finis. Certains fruits et légumes sont typiquement saisonniers voire quasiment inexistants (en rupture) en cas de mauvaise récolte.

Les troubles politiques subies ces dernières périodes notamment la fermeture des frontières du Sénégal avec la Guinée et le Mali ont aggravé l’approvisionnement du marché Sénégalais en quantité en fruits et légumes avec une situation qui persiste malgré la réouverture des frontières du Sénégal avec ces pays.

En conséquence, il est très difficile de mettre en place un système d’approvisionnement rigoureux et efficace pour la production. Les PMI de l’agroalimentaire au Sénégal sont également exposées à un risque d’achats de matières premières et ingrédients présentant des dangers pour la sécurité des denrées alimentaires : Contamination des matières premières au niveau des sites de production ou lors du transport, utilisation anarchique de produits phytosanitaires par les agriculteurs Sénégalais, matériaux des emballages non compatibles pour usage alimentaire, absence de fiches techniques et de données de sécurité.

Ceci implique un plan de contrôle en interne dans la structure avec la recherche de nouveaux fournisseurs en définissant les cahiers des charges et contrats pour écarter les intrants de la production non conforme à la réception.

La mise en place d’un système de traçabilité pourra permettre l’identification et l’origine du produit de la production jusqu’à la distribution. Plusieurs lots de production des PME sont parfois détruits en cas de réclamation externe à cause de l’incapacité de mettre en place ce système de traçabilité pour isoler ou rappeler les lots de production non-conformes.

Le manque de financement et de programme d’appui au Sénégal ne permet pas aux PMI d’apporter des solutions à ces problèmes. La dégradation des équipements de la production avec des pannes multiples baissent les ventes de ces entreprises et freinent leur capacité de production. La majorité des PMI de l’agroalimentaire au Sénégal sous traite leur service logistique alors qu’il est nécessaire au sein de l’entreprise dans le milieu industriel en raison de son importance stratégique.

Une bonne planification de la production ne pourra se faire qu’avec une gestion correcte de la logistique de production. Le service commercial dépend nettement des performances de la production car la réalisation de ces objectifs est fortement liée à la qualité des produits livrés et à la quantité de produits finis disponible au stock.

Pour faire face à la concurrence, le Lead Time ou délai de livraison doit être raisonnable et respecté pour la satisfaction des clients. Il est important de poser la problématique de relever tous ces défis car la réalisation des objectifs nécessite forcément d’abord une bonne organisation des PMI de l’agroalimentaire du Sénégal.

La majorité des PMI au Sénégal pêchent au niveau de la stratégie managériale et gestion des ressources humaines. L’état du Sénégal doit faciliter l’accès aux PMI à des formations de renforcement des capacités, des zones industrielles d’une grande capacité pour l’acquisition de ligne de production afin d’augmenter leur volume de production et de moderniser également la méthode de production.

Cheikh Ameth Tidiane THIAM : Professional en Supply Chain Management