Carburants : les distributeurs, comme TotalEnergies, ne feront pas de vente à perte
Par Ibrahima DIALLO
21 septembre 2023 / 09:31

Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a fait appel au « bon sens » pour justifier son refus de vendre à perte des carburants. E. Leclerc et Carrefour ont également exclu de recourir à cet outil. Système U est plus nuancé.

« Vous vendez souvent à perte vous ? Un peu de bon sens ! » Interrogé mardi dans l’émission « Quotidien » (TMC), le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a exclu de vendre à perte le carburant, comme la loi française devrait bientôt le permettre. Il s’aligne ainsi sur la position des distributeurs, frileux face à la proposition du gouvernement.

En revanche, Patrick Pouyanné a réaffirmé que « la politique de TotalEnergies » sur les prix sera assurée. La compagnie pétrolière promet à ses clients d’appliquer, « tant que les prix resteront élevés », un prix plafond de 1,99 euro le litre de carburant. « Ce plafond s’applique dans à peu près 3.000 stations aujourd’hui, donc ça veut dire que le prix est au-dessus », a précisé le patron du groupe, qui gère aujourd’hui un tiers des stations-service en France.

Pas de prix cassés dans les grandes surfaces

Mercredi, le nouveau président du Medef, Patrick Martin, a lui aussi fustigé la proposition gouvernementale : « La vente à perte est un non-sens économique qui ouvre la voie aux faillites en cascade dans la filière. Sacrifier les entreprises privées ne peut pas être une politique anti-inflation », a-t-il affirmé sur X (anciennement Twitter).

Auditionnés plus tôt ce mercredi à l’Assemblée nationale, les patrons de Leclerc, Intermarché et Carrefour ont défendu la même ligne. L’interdiction « de la revente à perte est un principe très important du commerce, a justifié Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour. Il ne faut pas ouvrir cette boîte de Pandore. »

De son côté, le gouvernement persiste. « Chacun doit et peut faire un effort », a réagi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, devant la presse après le Conseil des ministres.

« On comprend, la mesure est louable de la part du gouvernement, mais on ne va pas l’utiliser cette possibilité-là, car si on fait ça, on va augmenter le prix des pâtes, donc on n’est pas complètement cinglés », a de son côté défendu Thierry Cotillard, président du groupe Les Mousquetaires. Le dirigeant de Système U, Dominique Schelcher, a lui indiqué ne pas prévoir « de faire massivement des opérations de vente à perte ».

Pari perdu pour le gouvernement

Désireux d’aider les automobilistes sans mettre la main à la poche, le gouvernement a annoncé le week-end dernier ouvrir la porte à la vente à perte du carburant . Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait précisé que le projet de loi devrait être déposé rapidement pour permettre une application de la mesure dès décembre, et pour une durée de six mois.

Habituellement, la revente à perte est interdite par le Code du commerce, pour éviter que des acteurs en position dominante sur le marché ne profitent de leur supériorité pour tuer la concurrence . Sur le carburant, les distributeurs pratiquent en général la vente à prix coûtant – ou proche du prix coûtant – afin d’attirer les automobilistes dans leurs stations-service, et donc leurs magasins.

Les Echos

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