Recrudescence des accidents de la route au Sénégal : l’expertise locale du CFMPL dans la formation doit être mieux valorisée
Par Thierno DIALLO
28 avril 2024 / 11:59

Au Sénégal, les accidents de la route constituent un lourd fardeau pour l’État et la population. En effet, 718 décès ont été dénombrés en 2023 et entre 2015 et 2019, la moyenne était de 644 décès par an.

Ces accidents sont dévastants pour les familles sénégalaises avec de lourdes pertes en vies humaines et occasionnent des pertes financières de l’ordre de 163 milliards F CFA par an pour l’État (sources étatiques).

Les causes des accidents de la route sont multiples mais sont essentiellement liées aux comportements humains tels que l’excès de vitesse, le téléphone ou l’ivresse au volant, bref au non-respect du code de la route par les automobilistes.

Ce qui pose un problème de formation des conducteurs et de leur implication dans la gestion de leur véhicule.

Au Sénégal, la délivrance des permis de conduire est d’un laxisme et d’une négligence incompréhensible. Non seulement, les auto-écoles pilulent dans le pays, n’importe qui peut ouvrir son auto-école mais il y a un manque de rigueur dans la formation en code et conduite. Les quorums en termes de volumes horaires en code et conduite ne sont pas respectés. Les auto-écoles sont plus guidées par les gains financiers que par la qualité de la formation.

En ce qui concerne l’examen de conduite, il existe un système de corruption (entre les auto-écoles et le bureau d’examen) qui permet à la majorité des échoués d’obtenir leurs permis avec 20.000 F CFA.

Dans ce chaos, il existe une structure étatique appelée le Centre de Formation aux Métiers Portuaires et à la Logistique (CFMPL) qui propose des formations certifiées en conduite routière pour le transport de voyageurs et de marchandises.

Depuis sa création, le CFMPL a formé des milliers de conducteurs routiers certifiés qui ont apporté des satisfécits notamment aux entreprises du secteur transport-logistique en Afrique où les normes sont exigeantes et à respecter. D’ailleurs, ce centre a formé récemment les conducteurs du Bus Rapid Transit (BRT) qui va bientôt entrer en service.

L’État du Sénégal pourrait bel et bien adopter une telle démarche en exigeant la certification des conducteurs urbains et interurbains. Une certification qui sera renouvelée pour ces derniers chaque deux ans. Le CFMPL pourrait être confié la formation et l’examen de certification en mettant en place un référentiel.

Cette approche est déjà appliquée dans le secteur de l’aviation civile où les pilotes et techniciens aéronautiques sont certifiés avant avant leur entrée en activités et de manière régulière.

Des conducteurs bien formés combinés à l’application du code de la route peuvent réduire nettement les accidents de la route au Sénégal et toutes les conséquences qui l’accompagnent.

Le Ministère des Infrastructures, des Transports Terrestres et Aériens devrait inclure la CFMPL dans son dispositif de lutte & prévention contre les accidents de la route.

Thierno Abdoulaye DIALLO
Directeur de Publication du Magazine Africa Supply Chain
Spécialiste en Logistique & Supply Chain

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