Bolloré a reçu une offre de 5 Md€ de CMA CGM pour ses activités logistiques
Par Ibrahima DIALLO
18 avril 2023 / 16:48

Le Conseil d’administration de Bolloré doit se réunir ce mardi 18 avril pour arrêter sa décision après avoir reçu une offre d’achat dite spontanée du groupe de transport et logistique CMA CGM pour sa division Bolloré Logistics. L’armateur français de porte-conteneurs mettrait ainsi la main sur l’un des cinq premiers commissionnaires de transport européens.

Dans le futur rapport d’activité de Bolloré, quelques photos auront peut-être disparu de la couverture. Plus de ports, plus d’opérations aériennes, plus une trace évoquant un semblant de marchandises.

Après avoir cédé son royaume portuaire en Afrique (Bolloré Africa Logistics) à MSC, le groupe français pourrait céder les derniers assets qui le reliaient encore à sa grande histoire : la commission de transport et la logistique, s’il acceptait « l’offre d’achat spontanée » de CMA CGM pour son pôle Bolloré Logistics, sur la base d’une valeur d’entreprise de 5 Md€.

Le groupe CMA CGM a annoncé en milieu de journée de ce 18 avril être entré en discussions exclusives en vue de l’acquisition du pole Bolloré Logistics. Un communiqué de Bolloré parvenu deux heures plus tard confirmait avoir reçu cette offre et avoir entamé les procédures contractuelles « pour que CMA CGM puisse remettre, le cas échéant, une promesse d’achat correspondant à cette offre autour du 8 mai 2023 ».

Le Conseil d’administration de Bolloré doit se réunir ce mardi 18 avril pour arrêter sa décision et motiver son avis à l’attention de ses actionnaires. « Il sera proposé au conseil d’administration d’ajouter au prix de 5,75€ par action visée (dividende 2022 complémentaire de 0,04 € par action attaché), un complément de prix de 0,25 € si l’offre reçue de CMA CGM pour l’achat de Bolloré Logistics se concrétise et aboutit à la vente », indique le communiqué.

CMA CGM en force dans la logistique

Si l’opération, qui reste conditionnée à l’obtention d’autorisations réglementaires et aux procédures classiques d’information et de consultation des instances représentatives du personnel, se concrétisait, le groupe présidé et dirigé par Cyrille Bolloré ne conserverait « que » ses activités dans la logistique pétrolière, les systèmes de sécurité, et surtout son empire dans la communication avec le groupe Vivendi qui détient des actifs dans la télévision et le cinéma (Groupe Canal+), la communication (Havas Group), l’édition (Editis), la presse magazine (Prisma Media), les jeux vidéo (Gameloft), ou encore la distribution de contenus (Dailymotion).

Si les négociations aboutissaient, l’armateur français de porte-conteneurs, numéro trois mondial de la ligne régulière, consoliderait puissamment le pôle logistique qu’il construit progressivement autour de l’ex-commissionnaire suisse Ceva Logistics, qu’il avait sauvé en 2018 de la convoitise du danois DSV et étoffé depuis par plusieurs acquisitions dans le secteur du retail (CLS Ingram), de la logistique des véhicules finis (Gefco) et de la livraison du dernier kilomètre (Colis Privé).

35 % du chiffre d’affaires du groupe Bolloré

Avec Bolloré Logistics – 47 % des effectifs (13 500 personnes), 35 % du chiffre d’affaires (7,1 Md€), 714 M€ de résultat opérationnel ajusté (Ebita, en 2021, dernières données disponibles) –, CMA CGM met la main sur l’un des cinq premiers groupes européens et les dix principaux groupes mondiaux du secteur avec 656 000 t en aérien et 826 000 EVP en fret maritime.

Le groupe de transport et logistique qu’est devenu CMA CGM pourrait aussi accroître son parc d’entrepôt avec plus d’un million de m² répartis dans 111 pays. Parmi les cinq premiers européens et les dix mondiaux de la commission de transport

Dans le transport et la logistique, Bolloré a pris de la stature en tant qu’acteur de la logistique globale au gré d’opérations de croissance externe pour élargir son rayon d’action géographique et son périmètre d’intervention (logistique de projets industriels pour les secteurs de l’Energie, de l’industrie minière, du BTP, fret sensible pour la pharma pour laquelle il a installé à Strasbourg un hub logistique européen, entreposage sous douane, etc.) et de ses investissements dans les infrastructures (multimodal).

Le groupe se séparerait d’une activité, qui a largement porté sa croissance ces derniers temps, dopé par la pandémie. Les résultats de l’année 2022 sont à l’avenant du contexte : augmentation significative des prix et des volumes dans l’aérien, forts niveaux d’activité́ sur ses secteurs phare (santé, luxe, aéronautique et cosmétique), forte appréciation des taux de fret dans le maritime, reprise de la croissance dans la logistique contractuelle, tirée par ses domaines de prédilection.

Un secteur agité

Encore insuffisamment consolidé, le secteur de la commission de transport est particulièrement agité ces derniers mois. En témoigne le bruit médiatique autour de la vente de DB Shenker (2,05 MEVP et 1,094 Mt en aérien, données 2021) depuis que le conseil de surveillance de sa maiso-mère, la Deutsche Bahn à l’endettement colossal (30,5 Md€ fin juin 2022), a donné le blanc seing à l’opération.

Adeline Descamps

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