L’UE veut muscler sa logistique pour exporter les céréales ukrainiennes
Par Ibrahima DIALLO
28 juillet 2023 / 18:14

L’Union européenne veut subventionner ses voies d’acheminement des céréales ukrainiennes vers le reste du monde après la fin du transit via la mer Noire, mais se déchire toujours sur les restrictions imposées par cinq pays de l’Est.

« Il faut absolument améliorer et renforcer les « corridors de solidarité » via l’Europe », a déclaré mardi 25 juillet, le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas, en marge d’une réunion à Bruxelles avec ses homologues de l’Union européenne (UE).

Depuis la fin de l’accord sur le corridor maritime en mer Noire, décidé par Moscou, les corridors terrestres et fluviaux constituent les seules voies d’exportations pour l’Ukraine. Pour faciliter le fret, un projet d’harmonisation de l’écartement des rails entre UE et Ukraine est en cours. Dans l’immédiat, pour éviter la saturation des corridors existants, la Lituanie propose de recourir aux ports des États baltes — d’une capacité annuelle combinée de 25 millions de tonnes pour les grains.

« Il faut aussi des procédures douanières et administratives plus efficaces, qui peuvent se faire à l’arrivée dans les ports européens », et pas uniquement à la frontière ukrainienne où « cela prend du temps et fonctionne mal », a observé le ministre lituanien Kestutis Navickas, dont les propos sont rapportés par l’AFP.

Un coût élevé

Le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski estime cependant que le plus grand obstacle à l’exportation des céréales ukrainiennes via l’UE reste le coût, bien plus élevé que la route maritime traditionnelle.

« Transporter les grains via la Pologne ou les pays Baltes sera toujours beaucoup plus cher que ce que propose la Russie sur le marché mondial » pour ses propres céréales, a-t-il déploré, défendant l’idée de subventions européennes pour combler cet « écart d’attractivité. »

« Certains États comme la Pologne ont adopté des aides au niveau national, mais je préférerais une solution européenne, équitable pour tous […] il est nécessaire de trouver des financements (de l’UE) pour accroître le transport », a-t-il indiqué.

Tensions à l’est de l’Europe

Pour le commissaire européen à l’Agriculture, cela permettrait aussi de relâcher la pression sur les États membres riverains de l’Ukraine, déstabilisés par l’afflux massif de produits agricoles ukrainiens qui ont un temps saturé leurs silos et plombé les marchés locaux.

Bruxelles avait autorisé fin avril cinq États membres voisins de l’Ukraine (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie) à interdire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens sur leur territoire, à condition qu’ils n’empêchent pas leur transit vers d’autres pays.

Des restrictions « provisoires » censées prendre fin le 15 septembre, mais dont les cinq pays réclament désormais la prolongation jusqu’à la fin de l’année et leur extension à d’autres produits (framboises…) pour protéger leurs agriculteurs.

Observant que ces cinq pays jouent le jeu en facilitant le transit vers d’autres pays, Janusz Wojciechowski ne ferme pas la porte à une prolongation des restrictions, selon les volumes des récoltes et l’état des marchés en septembre.

« Pas de mesures unilatérales », plaide Marc Fesneau

Une perspective « inacceptable » selon Kiev, comme pour une grande partie des Vingt-Sept, dont la moitié avait déjà vivement dénoncé au printemps ces « distorsions » au sein du marché commun.

« La Commission doit dire clairement que ce n’est pas possible, il est inacceptable que certains États membres passent outre les traités en vigueur », s’est indigné le ministre allemand de l’Agriculture Cem Özdemir et ce, alors que les cinq pays riverains se sont vus allouer cette année 156 millions d’euros d’aide tirée de la réserve de crise agricole de l’UE, tout en étant autorisés à distribuer des milliards d’aides publiques.

« Il ne peut y avoir de mesures unilatérales, ni d’aventure individuelle », a abondé le ministre français Marc Fesneau. S’il reconnaît des perturbations y compris sur les marchés français des œufs ou de la volaille, il plaide pour une « discussion collective », en dialogue avec l’Ukraine.

« Il faut documenter les choses et trouver des solutions de bonne intelligence qui permettent à l’Ukraine d’accéder aux marchés, et que ça ne les déstabilise pas trop », a indiqué Marc Fesneau.

Justine Papin, avec l’AFP

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