Depuis environ 7 mois pendant lesquels des frontières ont été fermées et des sanctions appliquées, le libre-échange et la mobilité entre le Niger et le Bénin ont été sérieusement perturbés, affectant leurs économies respectives.

Une reprise du trafic transit depuis et vers le Niger se profile au Port de Cotonou, avec la levée des sanctions de la CEDEAO le week-end dernier. Cela devrait augmenter les flux globaux manutentionnés sur cette plateforme dont les activités ont ralenti depuis la fermeture des frontières le 30 juillet 2023.

S’il n’y a pas de chiffres pour apprécier la tendance évolutive des volumes ces 7 derniers mois, les autorités béninoises ont fait état d’un recul d’activité au port cotonois, étant donné le poids important du fret nigérien dans son trafic global.

Selon les données disponibles, environ un tiers des près de 12 millions de tonnes traitées les années antérieures à cette crise est acheminé vers ou depuis le Niger. Un retour à la normale couplé au lancement des exportations de pétrole nigérien via Cotonou devrait donc stimuler les volumes.

Cette perspective pourrait toutefois être entravée par le boycott de ce complexe portuaire annoncé en décembre 2023 par l’un des principaux syndicats de chargeurs nigériens. Depuis le début des tensions, les opérateurs portuaires nigériens (chargeurs, transporteurs, consignataires, transitaires, etc.) se sont tournés vers le port de Lomé qui prélèverait selon eux, des frais de transit moins élevés.

Des éléments essentiels pourraient toutefois peser en faveur du Bénin, comme la liaison plus directe qu’offre le corridor Cotonou-Niamey, sans détour via un pays voisin alors que l’itinéraire Lomé-Niamey impose un passage via le Burkina Faso ou le Bénin.

Une variable déterminante pour la quantité de contrôles policiers et douaniers, susceptible par ailleurs de favoriser le racket et les tracasseries routières. De même, les actuels troubles sécuritaires au Burkina Faso hypothèquent la sûreté du transport pour un trajet incluant le passage via le territoire burkinabé.

Henoc Dossa