Fret maritime : accord international trouvé pour réduire la pollution du secteur, jugé décevant par les ONG
Par Ibrahima DIALLO
10 juillet 2023 / 08:15

Un accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du fret maritime, secteur très polluant, a été conclu par les pays membres de l’Organisation maritime internationale (OMI). Les objectifs fixés – baisse de 20 à 30% d’ici 2030 et de 70 à 80% d’ici 2040 – sont inférieurs à ceux réclamés par de nombreux pays, dont l’UE. Et l’idée d’une éventuelle taxe carbone n’apparaît désormais dans le projet d’accord que dans un éventail de mesures. Un compromis que les ONG écologistes jugent dans sa globalité décevant et insuffisant pour lutter contre le réchauffement climatique.

Les discussions menées cette semaine pour tenter de faire baisser les émissions de CO2 du fret maritime ont vraisemblablement porté leurs fruits. Un accord pour les réduire a été conclu par les membres de l’Organisation maritime internationale (OMI), instance de l’Onu, d’après le projet de compromis obtenu ce vendredi par l’AFP.

Ce texte, qui doit être promulgué dans la journée, prévoit des objectifs « indicatifs » de réduction des émissions polluantes comparé à 2008 : d’au moins 20% d’ici 2030, mais avec en vue -30%, et -70% d’ici 2040, avec en ligne de mire -80%.

La Commission de protection de l’environnement marin (MEPC) de l’OMI s’est réunie toute la semaine dès lundi à Londres avec l’objectif de s’accorder sur de nouvelles réglementations afin de faire baisser les émissions polluantes du secteur, et sur l’éventuelle adoption d’une taxe carbone.

L’institution avait donné en 2018 aux transporteurs l’objectif de réduire leurs émissions de CO2 de 50% en 2050 par rapport à 2008, ce qui est considéré comme largement insuffisant pour limiter le réchauffement climatique. Car la très grande majorité des 100.000 navires de fret, qui transportent 90% des marchandises dans le monde, sont propulsés par du fioul lourd. Le secteur est responsable de près de 3% des émissions de CO2 mondiales, d’après l’Onu.

Objectifs en-deçà des attentes

Plusieurs ONG estiment déjà que le compromis est décevant comparé aux objectifs qui étaient visés par de nombreux pays avant la rencontre. Elles le jugent également insuffisant pour mettre le secteur sur la trajectoire d’une réduction des émissions de CO2 dans le cadre de l’accord de Paris de 2015. Elles demandaient -50% d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2040.

L’Union européenne réclamait lors des négociations cette semaine un objectif plus ambitieux de zéro émission nette en 2050 avec deux étapes intermédiaires : une réduction de 29% en 2030 et de 83% en 2040. Les Îles-États du Pacifique, particulièrement menacées par le réchauffement climatique, voulaient des objectifs encore plus ambitieux, et étaient soutenus par les États-Unis et le Canada : -96% d’ici 2040.

À l’inverse, nombre de gros exportateurs comme la Chine, le Brésil, l’Argentine, entre autres, ont freiné, affirmant que des objectifs trop stricts profiteraient aux pays riches, aux dépens des pays en développement.

La taxe carbone mise de côté

La mise en place d’une éventuelle taxe carbone sectorielle, autre sujet crucial des discussions de cette semaine, n’apparaît par contre désormais dans le projet d’accord que dans un éventail de mesures proposées pour réduire les émissions du fret.

Le président français Emmanuel Macron avait apporté son soutien à cette mesure il y a quelques jours lors d’un sommet à Paris. Les îles Marshall et les îles Salomon, qui militent pour cette taxe depuis dix ans, proposaient un tarif à 100 dollars la tonne de carbone, soit 300 à 400 dollars la tonne de fioul lourd.

Cela aurait pu générer entre 60 et 80 milliards de dollars (55 à 74 milliards d’euros) de recettes par an selon la Banque Mondiale, destinés aux pays émergents pour financer leur transition et leur adaptation au changement climatique

D’après une source qui a suivi les discussions préliminaires à l’OMI, malgré un large soutien pour une taxe carbone, un groupe de pays mené par la Chine et comprenant aussi notamment Brésil, Argentine, Pérou, Afrique du sud, Australie, s’y opposait.

Le Brésil avait notamment fait valoir qu’une taxe carbone pourrait nuire à la sécurité alimentaire ou pénaliser les pays en développement. La Chine, de son côté, indiquait dans sa position écrite que « les pays ne doivent pas transférer la responsabilité de la réduction de leurs émissions nationales à l’industrie du fret internationale ».

(Avec AFP)

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