L’impact du changement climatique sur la chaîne d’approvisionnement en Afrique
Par Ibrahima DIALLO
22 mai 2024 / 10:28

Article publié dans le magazine Nº11 Africa Supply Chain (Éditorial)

Les transports représentent environ un quart des émissions mondiales de carbone provenant des sources d’énergie. C’est ce qui ressort du cinquième rapport d’évaluation (AR5) du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en 2014.

En fait, selon le même rapport, cette contribution augmente plus rapidement pour les transports que pour tout autre secteur d’utilisation finale de l’énergie. En l’absence d’une intervention politique agressive et soutenue, les émissions de carbone résultant directement des transports pourraient doubler d’ici 2050.

Les modes de transport les plus polluants sont le transport routier, qui représente à lui seul 66 % des émissions de gaz à effet de serre, suivi du transport maritime à 24 %, du transport aérien à 5 % et du transport ferroviaire à 5 %, selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié en 2018.

Cette situation est très préoccupante pour le continent africain, qui est confronté non seulement aux défis du développement économique et social, mais aussi aux phénomènes du changement climatique, dont l’impact est de plus en plus important.

Pourtant, l’Afrique représente à peine 4 % des émissions mondiales de CO2, mais elle abrite un grand nombre de ressources naturelles telles que le pétrole, le gaz et le charbon, qui sont parmi les produits les plus polluants de la planète.

Or, la question que nous devons nous poser est la suivante :

L’Afrique doit-elle utiliser le même modèle de développement occidental, basé sur l’économie pétrolière, source majeure d’émissions de gaz à effet de serre et donc de réchauffement climatique, ou utiliser d’autres modèles de développement basés sur l’utilisation d’énergies renouvelables et moins de combustibles fossiles, mais à quel prix ?

La réponse à une telle question n’est pas aisée, car l’équation est complexe, et c’est toute la question du modèle de développement économique propre au continent africain qui est en jeu. C’est ce qui explique les difficultés à négocier les réductions de CO2 par pays et par continent lors des conférences internationales sur le climat.

Pour commencer à répondre à cette problématique, deux constats peuvent d’ores et déjà être faits : le continent africain manque d’infrastructures de transport de dernière génération car il a un déficit important à combler dans ce domaine. Le continent manque d’infrastructures de transport de dernière génération, et il y a un énorme déficit à combler dans ce domaine.

L’Afrique doit donc se doter d’infrastructures de transport de qualité, capables de faire face aux conséquences du changement climatique, notamment les inondations, les sécheresses, les chaleurs extrêmes, les tornades, les feux de forêt et les pluies torrentielles.

La seconde constante est que malgré son faible taux d’émission de C02, le continent africain subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. En effet, en 2022, plus de 7,5 millions de déplacements internes dus à des catastrophes climatiques ont été enregistrés sur le continent africain (IDMC, Rapport sur le développement dans le monde, 2023).

En 2023, la directrice générale de l’OIM, Amy Pope, a déclaré que le monde était entré dans l’ère des migrations climatiques. Sans une action climatique efficace et durable, jusqu’à 105 millions de personnes pourraient devenir des migrants internes d’ici 2023 rien qu’en Afrique (Banque mondiale, Groundswell Report, 2021).

Plus grave, le changement climatique a un effet négatif sur les économies des pays touchés, qui peut se manifester par une perte d’environ 4 % du PIB dans les trois années qui suivent les événements météorologiques extrêmes, selon le rapport du FMI (Climate Challenges in Fragile and Conflict-Affected States, 2023).

Il est donc clair que les activités de transport et de logistique ont un impact significatif sur le climat mondial et favorisent le changement climatique, qui à son tour a un effet négatif sur l’économie mondiale, en particulier dans les pays en développement, notamment ceux du continent africain.

En définitive, pour relever les défis du changement climatique et de son développement économique et social, l’Afrique ne doit pas utiliser le même modèle économique occidental basé sur l’utilisation excessive des ressources énergétiques fossiles.

Elle peut au contraire utiliser ses ressources naturelles de manière mesurée pour soutenir son développement économique (en ayant ses propres industries de transformation des produits énergétiques), tout en ayant une politique carbone réaliste et en investissant dans les énergies renouvelables pour préparer l’avenir. Le continent africain doit également investir dans des systèmes de transport intelligents et propres pour soutenir sa croissance économique et démographique.

Thierno Abdoulaye DIALLO

Directeur de la publication

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