Le rachat de la compagnie nationale italienne « pourrait réduire la concurrence (…) pour plusieurs liaisons court-courriers et long-courriers » à destination et au départ de l’Italie, explique la Commission européenne pour justifier l’ouverture de son enquête. De son côté, Lufthansa reste confiante quant à l’issue de cette procédure.
En matière de règles de concurrence, la Commission européenne veille au grain et n’hésite pas à investiguer s’il le faut. Nouvelle illustration ce mardi avec l’annonce de l’ouverture d’une « enquête approfondie » sur le projet de rachat de la compagnie aérienne italienne ITA Airways (successeur d’Alitalia) par le groupe allemand Lufthansa, actuellement premier transporteur aérien européen.
« L’opération pourrait réduire la concurrence (…) pour plusieurs liaisons court-courriers et long-courriers » à destination et au départ de l’Italie, a ainsi estimé « à titre préliminaire » la Commission européenne, dans un communiqué. Les réserves de Bruxelles concernent en particulier des liaisons entre l’Italie et des pays d’Europe centrale sur lesquelles il y aurait trop peu de concurrence.
En réponse à cette annonce, Lufthansa s’est dit mardi fermement convaincue que la transaction serait autorisée à l’issue de l’enquête. Le groupe a souligné qu’il allait « continuer à travailler étroitement et de manière constructive avec la Commission » en vue d’une conclusion rapide de l’examen en cours. La compagnie aérienne allemande affirme que son entrée au capital de ITA aura « globalement un effet positif » sur la concurrence en Italie et en Europe.
Lufthansa n’a pas encore convaincu Bruxelles
Dans le détail de la procédure, l’opération d’acquisition portée par Lufthansa avait été notifiée à la Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l’UE, le 30 novembre dernier. « Le 8 janvier 2024, Lufthansa a présenté des engagements visant à remédier à certains problèmes » mais ils « ne suffisaient toutefois pas (…) à dissiper clairement les craintes exprimées », explique à ce sujet la Commission.
Celle-ci dispose désormais d’un délai de 90 jour ouvrable, soit jusqu’au 6 juin 2024, pour trancher. « L’ouverture d’une enquête approfondie ne préjuge pas de l’issue de la procédure », rappelle la Commission, qui aura la possibilité d’interdire la transaction ou bien de l’autoriser si elle estime que des garanties suffisantes sont apportées.
Une acquisition stratégique pour la compagnie allemande
Pour rappel, en octobre 2021, Alitalia s’était éteinte pour laisser place à ITA Airways, dans un marché aérien qui peinait à se relever des turbulences de la pandémie de coronavirus. Placée sous administration publique en 2017, Alitalia avait cumulé des pertes de 11,4 milliards d’euros entre 2000 et 2020.
Bruxelles avait à cette époque donné son feu vert au décollage de la nouvelle compagnie et avait autorisé un nouveau financement public de 1,35 milliard d’euros, à condition que ITA finisse par voler à terme de ses propres ailes. L’entreprise restructurée avait débuté avec une flotte réduite de moitié.
Mais en mai 2023, Lufthansa avait voulu être de la partie en signant un accord d’entrée au capital de la compagnie publique italienne, ce qui inquiète la Commission européenne. Car la compagnie nationale allemande compte acquérir dans un premier temps une part minoritaire de 41% de ITA, se réservant l’option de monter à 100% du capital à moyen terme.
Cette acquisition pour 325 millions d’euros se ferait par le biais d’une augmentation de capital, tandis que l’Etat italien injecterait de son côté 250 millions d’euros afin de renforcer le capital d’ITA Airways, selon les termes de l’accord. En terme stratégique, le rachat d’ITA airways par Lufthansa doit permettre au géant allemand d’élargir son accès au marché italien, le troisième plus grand au sein de l’UE. Il apporterait aussi à ITA un actionnaire solide.
latribune.fr
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