Le chancelier allemand Olaf Scholz est actuellement en tournée en Afrique dans l’espoir de conclure un accord gazier avec le Nigeria.
Au Nigeria, le chancelier a d’emblée déclaré au média nigérian The Punch que le pays «dispose de la plus grande réserve de gaz en Afrique . […] Les entreprises allemandes sont intéressées par des livraisons de gaz en provenance du Nigeria et attendent avec impatience une coopération avec les compagnies gazières nigérianes ».
Une franchise appréciée par les pouvoirs publics hôtes.
« Le chancelier et moi avons eu une discussion très approfondie à ce sujet, et nous sommes prêts à promouvoir l’investissement dans les gazoducs », a déclaré le président Bola Ahmed Tinubu dimanche (29 octobre), selon les propos rapportés par WiWo.
Le pays est le deuxième partenaire commercial de l’Allemagne en Afrique subsaharienne, et exporte principalement du pétrole vers l’Europe.
Le pays souhaite exporter 10 milliards de mètres cubes (Gm3) supplémentaires par an, soit un peu moins d’un cinquième de la capacité annuelle de Nord Stream 1. Les travaux d’extension de l’infrastructure GNL (gaz naturel liquéfié) du Nigeria sont déjà en cours.
Position délicate en Afrique
Avec ce voyage, M. Scholz se rend pour la troisième fois en Afrique, une première pour un chancelier allemand. Au Sénégal en mai dernier, il avait été fortement critiqué pour ses incitations au développement de capacités gazières en Afrique, alors que la transition énergétique doit battre son plein à travers le monde;
D’autant que la pression s’accroit. L’Agence internationale de l’énergie (IEA) a constaté un surplus « sans précédent » de volumes de GNL sur les marchés mondiaux dans son rapport annuel 2023 représentant un montant total de 250 milliards de mètres cubes d’ici à 2030.
Dans le même temps, la demande de gaz en Allemagne tend lentement à diminuer, car les énergies renouvelables se développent et les chaudières au gaz sont remplacées par des alternatives plus respectueuses de l’environnement, telles que les pompes à chaleur.
Le cabinet de conseil Deloitte et l’institut de recherche en environnement Öko-Insitute prévoient qu’en 2030 la demande diminuera d’un tiers par rapport à 2021. Quoiqu’il en soit, l’Allemagne semble avoir des besoins en gaz importants, renforcés depuis la chute des approvisionnements russes.
Toutefois, M. Scholz s’est gardé de promettre un achat garanti au Nigeria. « Des montants concrets devraient être convenus lors des négociations entre les producteurs de gaz nigérians et les négociants en gaz allemands », a-t-il déclaré, précisant néanmoins que la demande de gaz et d’hydrogène serait, à terme, « considérable ».
De réelles inquiétudes ?
Du côté nigérian, d’autres questions revêtent une plus grande importance.
Tout d’abord, la restitution d’objets nigérians datant de l’époque coloniale, comme les fameux bronzes du Bénin.
La restitution des bronzes marque le début d’une nouvelle relation entre le Nigeria et ses anciens colonisateurs, a déclaré M. Scholz, sans pour autant s’engager sur d’autres restitutions. « Il s’agit d’un effort continu », a-t-il expliqué.
Le journal local The Punch a également souligné la « difficulté et la lourdeur des procédures d’obtention de visas pour l’Allemagne », tandis que M. Scholz a précisé que « l’une de nos priorités est d’accélérer les procédures d’obtention de visas ».
« Nous devons garder à l’esprit les aspects liés à la sécurité », a ajouté le chancelier.
Nikolaus J. Kurmayer Marie-Alix Pocholuk
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