« En Afrique, c’est le consommateur qui paye le surcoût des défaillances logistiques »
Par Ibrahima DIALLO
28 août 2023 / 15:25

Des start-ups veulent révolutionner le secteur chaotique de la logistique sur le continent africain grâce à la technologie. Lori Systems au Kenya en fait partie. Jean-Claude Homawoo, son directeur, vante les mérites des datas sur les véhicules, dans un entretien au « Monde ».

Jean-Claude Homawoo est directeur général et cofondateur de Lori Systems, qui se présente comme le leader de l’e-logistique en Afrique (son chiffre d’affaires n’est pas public). Un « Uber des camions » qui met en relation un réseau de quelque 20 000 véhicules détenus par des transporteurs locaux avec des entreprises qui veulent acheminer leurs matières premières ou leurs produits finis.

Des grands ports kényans ou nigérians jusqu’aux villes enclavées de Centrafrique, et inversement : ses camions, moyen de transport roi sur le continent, sillonnent les routes d’une douzaine de pays avec l’objectif de fluidifier et donc de réduire les coûts disproportionnés de la logistique, qui, selon la start-up, peut représenter jusqu’à 75 % du prix final d’un bien en Afrique.

Qu’est-ce qui coince dans la logistique en Afrique ?

Nous avons d’abord un problème de circulation du capital. Si vous envoyez un conteneur de Rotterdam à Mombasa [le grand port du Kenya], par exemple, vous payez les compagnies maritimes en avance, avant même qu’il ne bouge. En revanche, quand ce conteneur est mis sur un camion pour rejoindre sa destination finale en Afrique, le transporteur local ne va pas être payé avant minimum trente jours, voire quarante-cinq ou même soixante jours.

On parle ici de PME de transport africaines qui n’ont jamais accès à des prêts bancaires. Elles vont devoir avancer l’essence, rémunérer le chauffeur, prévoir de l’argent pour payer la police sur la route… Si la destination de ce même conteneur est Kampala [Ouganda], cela va peut-être leur coûter 2 000 dollars [1 850 euros] par camion.

Donc, en Afrique, on demande au maillon le plus faible de la chaîne logistique de porter le financement du transport de biens, parfois pour de très grosses sociétés. C’est une honte. Dans ce contexte, le transporteur va monter ses prix, c’est pour ça que le fret est si cher en Afrique.

On parle beaucoup de l’état des routes comme du premier problème…

Pour nous ce n’est pas le cas. Les mauvaises routes, ce ne sont pas les routes principales, ce sont celles qui vont dans les petits villages et la consommation, elle, n’est pas là. Bien sûr qu’il y a des problèmes de routes mais ce sont plutôt les embouteillages, les passages de frontières, etc.

Si vous acheminez, disons, de l’acier vers une usine qui va le transformer et que vous êtes bloqué à la frontière une semaine, pendant ce temps-là l’usine est pleine de travailleurs qui sont payés, et la chaîne ne bouge pas. Ça aussi, ça coûte.

Marion Douet , Journal le Monde

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