Céréales : les prix à l’exportation presque au même niveau au départ du port de Rouen et de la mer Noire
Par Ibrahima DIALLO
22 février 2024 / 15:31

Les cours des céréales sont embarqués dans une spirale baissière à quelques mois de la nouvelle récolte alors que les stocks débordent et que l’Europe de l’Ouest la mer Noire se livrent à une âpre concurrence. L’écart des prix à l’exportation, ténu, peut favoriser les chargements au départ des ports français.

“Il y a un excédent de blé en Europe de l’Ouest et en mer Noire”, deux régions en proie “à une concurrence acharnée pour vendre avant la nouvelle campagne” (été 2024), explique Sébastien Poncelet, spécialiste des céréales chez Agritel, au sein du groupe Argus Media France.

La situation tire les prix vers le bas. Sur le marché européen, le blé, pour l’échéance la plus rapprochée, est tombé, lundi 19 février, sous les 200 € la tonne, au plus bas depuis juillet 2021, selon Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage. Quant au maïs, il a atteint 171 € la tonne le même jour, sur Euronext, un plus bas depuis octobre 2020.

À un euro d’écart, les prix à l’exportation “sont aujourd’hui presque au même niveau au départ du port de Rouen [premier port céréalier européen, NDLR] et de la mer Noire”. La situation peut favoriser les chargements au départ des ports français, notamment vers le Maroc, l’Algérie et la Chine, soutient-il.

Mais globalement, relèvent les analystes, les acheteurs prennent leur temps, ne passant des commandes qu’au compte-goutte, faisant jouer un maximum la concurrence entre les exportateurs. “Les prix sont aujourd’hui largement en dessous des prix de production des agriculteurs européens, mais pas encore des agriculteurs russes”, ajoute Sébastien Poncelet.

Rude coup pour les producteurs européens

Cette chute quasi continue des cours depuis juillet dernier est un rude coup pour les producteurs européens, qui avaient connu en 2022 une année faste avec un blé dépassant les 400 euros la tonne, quelques mois après l’invasion russe de l’Ukraine.

Partout en Europe, les agriculteurs dénoncent la “concurrence déloyale” aux frontières de l’Europe et notamment la suppression des droits de douane, dont l’Ukraine bénéficie encore pour ses céréales.

Plus que l’afflux de marchandises via les voies fluviale et terrestre, redevenues marginales par rapport aux exportations via la mer Noire, c’est la crainte du volume conséquent retrouvé par les exportations agricoles ukrainiennes qui inquiète. Le ministère ukrainien de l’Agriculture a annoncé avoir exporté 3,2 Mt de grains depuis début février, soit des niveaux quasi équivalents au mois précédent (3,3 Mt).

Des exportations états-uniennes encore faibles

Le marché n’est guère plus actif aux États-Unis, qui subissent une double concurrence, celle du maïs sud-américain et du blé européen.

“Les ventes américaines à l’exportation de blé restent faibles face à la concurrence de la Russie, de l’Ukraine et de l’Union européenne, ces pays cherchant à exporter beaucoup de blé dans la période à venir”, relève Jack Scoville, de Price Futures Group.

Un ajustement à la baisse des surfaces plantées (2 millions d’acres en moins par rapport à l’an dernier), annoncé par le ministère américain de l’Agriculture (USDA), n’est pas non plus de nature à soutenir les prix, car les rendements ont augmenté, de sorte que la production a été réévaluée en hausse et les stocks de clôture également.

La rédaction (avec Sofia Bouderbala et Virginie Montet de l’AFP)

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