Alibaba dans le collimateur de la sûreté belge pour suspicion d’espionnage
Par Ibrahima DIALLO
9 octobre 2023 / 09:09

Selon le Financial Times les services de renseignement belges tentent de déterminer si le plus gros hub logistique du géant chinois de l’e-commerce, installé à Liège, remonte des informations sensibles à Pékin.

Les services de renseignement belges surveilleraient la principale plate-forme logistique en Europe du géant chinois de l’e-commerce Alibaba. En cause, selon le Financial Times, la suspicion d’éventuelles activités d’espionnage ou d’ingérence du groupe chinois.

Installé depuis 2018, le centre logistique du groupe chinois constitue depuis plusieurs mois « un point d’attention pour la VSSE » (la sûreté d’Etat belge, NDLR), affirme encore le quotidien britannique. Interrogé par le quotidien, Alibaba nie bien évidemment toute activité malveillante.

Des données sensibles transmises à Pékin

Concrètement, toujours selon le Financial Times, la sûreté belge chercherait notamment à savoir s’il y a, au sein de ce hub, des systèmes logiciels permettant de rassembler des informations économiques sensibles. Données qui seraient ensuite transmises à Pékin. Qu’il s’agisse de données sur les clients ou bien encore sur les entreprises qui utilisent les services du hub. .

Ce n’est pas la première fois qu’Alibaba fait l’objet de tels soupçons. Avant même son déploiement, à partir de 2018, plusieurs élus et responsables belges s’étaient émus de la question, rappelle le Financial Times. A l’époque c’était déjà la législation sur le renseignement national, mise en place par Pékin, qui inquiétait.

Car elle oblige les entreprises comme Alibaba, à coopérer avec les agences de renseignement chinoises et même à ouvrir des postes à leurs agents. Cela quel que soit le pays dans lequel ces entreprises sont implantées. Pour cette simple raison, « la Chine a l’intention et la capacité d’utiliser ces données à des fins non commerciales », reconnaît la sûreté belge, interrogée par le Financial Times.

Et si elle le fait, elle pourrait via le logiciel que Cainiao (la filiale d’Alibaba qui gère le site) l’utiliser afin de rationaliser les procédures logistiques. Cela au travers de la « plateforme électronique de commerce mondial » (EWTP) mise en place par le groupe chinois afin, officiellement, de fournir aux entreprises l’infrastructure nécessaire pour améliorer leurs opérations de commerce électronique.

La lune de miel entre Bruxelles et Alibaba est terminée

« La principale préoccupation est que cette plate-forme, aux côtés de quelques autres plates-formes logistiques proposées par les Chinois aux pays européens, leur donne de nombreuses informations sur les chaînes d’approvisionnement et sur d’éventuelles vulnérabilités », explique, cité par le Financial Times, Jonathan Holslag, professeur à la Vrije Université de Bruxelles.

Pour l’heure, les renseignements belges ne semblent pas disposer d’informations suffisamment fiables pour parler d’espionnage chinois dans le pays. Mais ces nouvelles suspicions illustrent le fait que la lune de miel entre la Belgique et le géant chinois est sans doute terminée.

Alors que son arrivée avait été saluée comme un moyen de redynamiser l’économie de la région de Liège, notamment via la création de centaines d’emploi, désormais les responsables belges sont plus mitigés.

Les premières négociations avec Alibaba datent d’ « un autre siècle […] les temps ne sont plus à la naïveté » résume d’ailleurs Vincent Van Quickenborne, ministre belge de la Justice, interrogé par le quotidien britannique.

Claude Fouquet

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