Rabat s’attend à ce que l’objectif de 52 % d’énergies renouvelables soit atteint plus tôt que prévu.

Alors que la hausse vertigineuse des prix et la crise énergétique ont contraint de nombreux pays à tirer la carte des centrales électriques au charbon, la stratégie et la politique adoptées par le Royaume n’ont fait que renforcer son ambition de croissance pour atteindre son objectif de 2030.

A la fin de l’année 2021, la capacité installée du Maroc en termes d’énergie s’élève à 4 050 MW, soit une part de près de 38%. Grâce à la recherche incessante d’investissements étrangers que le pays d’Afrique du Nord a su attirer, le Maroc pourrait atteindre l’objectif de 52 % de la capacité de production.

En 2023, le Maroc atteindra l’objectif de 42 % fixé pour 2020, un retard causé par la pandémie. Malgré cela, le royaume d’Afrique du Nord prévoit que d’ici 2030, il fera plus qu’atteindre ses objectifs, dépassant 64 % de production verte de son énergie totale. L’annonce a été faite par la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, lors d’une intervention en séance plénière de la Chambre des représentants du Parlement marocain.

La ministre a expliqué qu’il y a actuellement 61 projets en cours avec un investissement total d’environ 550 millions de dollars.

Dans le même temps, elle a ajouté qu’il existe un certain nombre d’initiatives et de programmes promus par l’administration marocaine pour soutenir l’investissement dans les énergies renouvelables, y compris les programmes d’investissement dans la capacité photovoltaïque est de 400 mégawatts en faveur des petites et moyennes entreprises, ou des projets tels que les usines de dessalement développés dans le port de Dakhla dans le Sahara.

Elle a également souligné l’importance du projet d’approvisionnement du tissu industriel de Kenitra en énergie propre d’une capacité de 160 gigawatts par heure. 

La ministre a également évoqué la fermeture, en décembre dernier, du gazoduc Maghreb-Europe qui approvisionnait l’Espagne en gaz naturel algérien et qui passait par le territoire marocain, pays qui recevait jusqu’alors ce combustible par ce gazoduc avant sa fermeture suite à la rupture des relations entre Rabat et Alger. Elle a également indiqué que la fermeture de ce gazoduc signifiait “une opportunité pour une révision globale de la feuille de route du gaz naturel”, un produit qu’elle considère comme essentiel pour le développement des énergies renouvelables et le développement du tissu industriel et logistique du pays.

Selon le professeur Mohammed Bennouna, interrogé par Hespress FR, le développement du pays et, par conséquent, tous les projets liés à l’énergie ont été élaborés selon des études de 2008 qui indiquaient que le Royaume aurait besoin d’une capacité de 24 000 GW pour atteindre l’objectif de 52%.

Toutefois, des études récentes ont montré que seuls 16 000 GW seront nécessaires d’ici à 2030. Cet objectif est donc non seulement plus proche, mais il permettra au Maroc d’être plus ambitieux dans sa quête d’une moindre dépendance vis-à-vis des hydrocarbures tels que le pétrole et le charbon.  

L’expert a ajouté que l’aide de fondations telles que l’Office Chérifien des Phosphates, (OCP) joue un rôle clé dans la réalisation de ces objectifs, puisque grâce aux différentes centrales photovoltaïques dont elles disposent, elles couvrent environ 10% des objectifs fixés par Rabat. 

En effet, l’OCP vise la neutralité carbone d’ici 2040, l’augmentation de ses capacités de production, 100% d’eau non conventionnelle d’ici 2024 et 100% d’énergie verte d’ici 2027 pour un investissement total de 130 milliards de dirhams en quatre ans qui permettra de réaliser plus de 147 milliards de dirhams de chiffre d’affaires à partir de 2025.

Enrique Fernández Atalayar