Le groupe italien MSC Mediterranean Shipping Company SA, leader mondial du transport maritime et de la logistique, est entré en négociation exclusive avec l’ETI lyonnaise Clasquin, commissionnaire de transport. Avec notamment pour objectif d’optimiser ses positions africaines, prises il y a un an avec le rachat de Bolloré Africa Logistics.
Il y a un an tout juste, le géant italo-suisse MSC, leader mondial du transport maritime et de la logistique avec ses 800 navires et 200.000 salariés, topait avec le groupe Bolloré. Il avalait pour 5,7 milliards d’euros les actifs de transport et logistique que celui-ci possédait sur le continent africain : 21.000 collaborateurs, seize terminaux à conteneurs, sept autres pour le trafic routier, mais aussi 5.000 kilomètres de voies ferrées réparties entre le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
L’intérêt de MSC pour l’organisateur de transports lyonnais Clasquin, avec lequel il vient d’entrer en négociations exclusives, découlerait directement de ces ambitions africaines, clairement affichées lors du méga deal signé avec Bolloré, qui a donné naissance à l’entité Africa Global Logistics pour succéder à Bolloré Africa Logistics.
« MSC dispose aujourd’hui de nombreux actifs en Afrique, avec une position de leader. Il lui manquait la compétence d’organisation de transports qui doit lui permettre de développer ses flux entre l’Afrique et le reste du monde.
Compétence que nous possédons chez Clasquin, puisque l’organisation des transports (maritimes, aériens, rail et route) est justement notre spécialité », détaille Yves Revol, président du conseil d’administration de Clasquin et actionnaire à hauteur de 42 % du capital de l’entreprise qu’il avait reprise en 1982.
Selon Yves Revol, l’intérêt de MSC pour Clasquin aurait été d’autant plus aiguisé depuis l’opération menée par l’ETI lyonnaise, au printemps dernier, concernant la reprise du groupe marocain Tinmar, organisateur de transport international, opérateur routier et prestataire de services logistiques (60 millions d’euros de chiffre d’affaires). Désormais, 20 % des flux mondiaux de Clasquin concernent l’Afrique.
Une base de discussion à 325 millions d’euros
Les négociations exclusives qui viennent de s’ouvrir, menées par Shipping Agencies Services (filiale de MSC), concernent l’intégralité des 42 % détenus par Yves Revol. Si elles aboutissent, après un audit auquel vont procéder les conseils de MSC, puis un feu vert de l’autorité de la concurrence, elles devraient être suivies d’une offre publique d’achat concernant le solde des actions composant le capital de l’ETI, soit 44,5 % de flottant sur le marché boursier Euronext Paris.
Le prix d’acquisition des actions serait alors déterminé sur la base d’une valeur d’entreprise de 325 millions d’euros. Une annonce qui a, ces derniers jours, dopé le cours en bourse de l’action Clasquin. Le management de l’entreprise détient de son côté environ 13 % du capital.
Selon les informations communiquées, l’actuel directeur général de Clasquin, Hugues Morin, devrait poursuivre sa mission et Clasquin continuer d’opérer sous sa propre marque, avec son organisation actuelle. Elle s’appuie aujourd’hui sur 85 agences implantées dans 25 pays, ainsi que sur 1.600 collaborateurs dont 150 à Lyon, répartis entre son siège social et son agence commerciale.
L’entreprise lyonnaise a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 877 millions d’euros (+16,6 % par rapport à 2021), 315.742 opérations (+5,5 %) et un résultat net consolidé de 23,7 millions d’euros (+25,4 %). Le premier semestre 2023 a toutefois été moins étincelant avec une croissance de 5,7 % par rapport à la même période l’année dernière et un résultat net consolidé en chute de 46,7 %.
Clasquin rappelle à ce sujet que le résultat net du premier semestre (6,6 millions d’euros) est toutefois le triple de ce qu’il était avant le Covid, et évoque un retour à une « rentabilité normative de 16,3% ».
Pour Yves Revol, qui était entré chez Clasquin en 1976 comme commercial avant d’en prendre les rênes six ans plus tard, cette cession au groupe MSC (si elle se confirme), sera l’occasion de sortir en beauté, à 76 ans, de cette entreprise dont il a piloté le développement depuis quatre décennies jusqu’à en faire une des plus belles ETI lyonnaises :
« Ces vingt dernières années, j’ai reçu de multiples propositions de reprise. Celle de MSC est arrivé au bon moment. A 76 ans, il est temps que je me retire. MSC m’a présenté un superbe projet, dans la continuité de ce que nous avons construit ». En 1982, au moment de son rachat par Yves Revol, Clasquin n’employait alors que douze salariés.
Stéphanie Gallo Triouleyre
La Tribune
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