Le numéro deux mondial du transport de conteneurs voit son bénéfice net divisé par 17 au troisième trimestre. Il va supprimer 3.500 postes supplémentaires, pour comprimer sa base de coûts.
Le ralentissement du commerce mondial et la dégringolade des taux de fret continuent de dynamiter les résultats financiers des grands armateurs.
Le danois Maersk, deuxième transporteur mondial de conteneurs derrière MSC, a publié un bénéfice net divisé par 17 entre juillet et septembre, à 521 millions de dollars, et un plongeon de 47 % de son chiffre d’affaires trimestriel, après une année faste en 2022, l’amenant à réduire la toile encore plus que prévu.
Des annonces peu surprenantes dans le contexte du secteur, mais qui ont fait plonger le cours de l’action de 11,5 % dans la matinée à Copenhague.
Le géant aux navires bleu ciel qui a déjà supprimé 6.500 postes au cours des neuf premiers mois de 2023, a annoncé vendredi l’élimination de 3.500 postes supplémentaires d’ici à 2024. Son effectif global sera ainsi ramené à moins de 100.000 postes, contre 110.000 au début 2023. Maersk espère économiser 600 millions de dollars grâce à ce plan en deux volets.
Réduire les budgets d’investissements
Le groupe réexaminera également son programme de rachat d’actions pour 2024 et réduira son estimation des dépenses d’investissement en 2023 et 2024. Pourtant, en termes de commandes de navires , Maersk, qui a accéléré son programme de conversion de flotte vers les motorisations au méthanol, s’est montré pendant les années Covid bien moins ambitieux que MSC et CMA CGM.
Le danois attend à moyen terme 34 nouveaux navires en construction, contre respectivement 123 et 118 unités pour ses deux grands rivaux, selon le cabinet Alphaliner. Une différence telle que CMA CGM pourrait bientôt devenir le numéro deux mondial en termes de capacités déployées sur les mers.
« Notre secteur est confronté à une nouvelle normalité, avec une demande modérée, des prix qui reviennent à des niveaux historiques et une pression inflationniste sur notre base de coûts », a relevé Vincent Clerc, le PDG suisse de Maersk.
L’entreprise se prépare surtout à une nouvelle donne : l’après-2025 lorsque sera dissoute son alliance 2M avec MSC, après 10 ans de partenariat qui lui donnait accès aux capacités des navires de l’italo-suisse. Voler en solo risque de l’obliger à engager plus de rotations de navires sur des lignes moins mirifiques en termes de rentabilité.
Hausse des volumes transportés
Dans l’activité maritime, le cœur du groupe, la chute mondiale des taux de fret, après les niveaux stratosphériques enregistrés en 2021-2022, a provoqué une division de plus de moitié du chiffre d’affaires, malgré une hausse de 9 % des volumes transportés pendant l’été. Les autres activités « terrestres » (logistique et services, terminaux portuaires) voient aussi leur chiffre d’affaires reculer, mais dans des proportions moindres.
Petit motif de satisfaction, la conjoncture se dégrade relativement moins que prévu. Maersk, qui transporte 15 % des conteneurs dans le monde, s’attend à un commerce mondial en retrait de -0,5 % à -2 % cette année, alors que son estimation précédente était comprise entre -1 % et -4 %.
Recommandation à la vente
Selon Bloomberg Intelligence, l’armateur danois pourrait devoir attendre 2025 avant que ses bénéfices augmentent. Le ralentissement du secteur devrait être plus profond et plus long que prévu par le marché, ont également averti les analystes de Goldman Sachs dans une note le mois dernier, réitérant leur recommandation de vendre les actions du numéro deux mondial.
Denis Fainsilber
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