Taxe carbone maritime : vers un accord historique ou une impasse géopolitique ?
Par redaction
24 février 2025 / 16:28

Alors que l’Organisation maritime mondiale (OMI) discute à Londres d’une taxe sur les émissions carbone des navires, un débat s’impose entre partisans d’une transition écologique et opposants redoutant des répercussions économiques. À quoi s’attendre ?

L’Organisation maritime internationale étudie la mise en place d’une taxe carbone sur les émissions des navires, une mesure pleine d’ambition qui vise à aligner le secteur maritime qui émet 3% des émissions mondiales sur les objectifs climatiques. Cette proposition portée par une coalition de 61 pays (dont 13 nouveaux membres récemment ralliés) vise à réduire l’impact environnemental du transport de marchandises. Le comité de la protection du milieu marin (MEPC 83), prévu en avril 2024, sera décisif pour valider cette norme. Cependant, le consensus reste fragile face à l’opposition de poids lourds comme la Chine et le Brésil, qui redoutent une hausse des coûts logistiques.

Les résistances se mettent en place : une minorité influente dirigée par la Chine et le Brésil défend qu’une taxe carbone alourdirait les prix des biens transportés, menaçant la sécurité alimentaire et la compétitivité des pays exportateurs. De l’autre côté, les petits États insulaires comme les îles Marshall sonnent l’alerte sur l’urgence climatique. Leur représentant à l’OMI déclare :« Sans taxe universelle, les efforts climatiques sont vains. Chaque retard se paie en vies humaines. » Ces nations directement concernées par la montée des eaux prônent une approche collective pour éviter les mesures fragmentées. 

En parallèle, l’OMI doit trancher sur le Global Fuel Standard (GFS) une disposition qui fait la promotion des carburants alternatifs. Les biocarburants, présentés comme une solution verte, ne font pas l’unanimité : plus de 60 ONG dénoncent leur production massive, qui nécessiterait 34 millions d’hectares de terres d’ici à 2030, risquant d’accroître la déforestation et les tensions sur les ressources agricoles. Ce dilemme illustre la complexité d’allier la transition énergétique et la préservation des écosystèmes.

Le transport maritime, vital pour 80% du commerce mondial, est au cœur d’une bataille économique. Une taxe carbone ou un virage vers les biocarburants pourrait augmenter les coûts logistiques, affectant les prix à la consommation et la compétitivité des nations. Pour les défenseurs de la taxe, ces craintes sont contrebalancées par les opportunités d’innovation et de durabilité. Alors que le MEPC 83 approche, l’OMI doit résoudre un casse-tête : concilier urgence climatique, équité géopolitique et stabilité économique. L’avenir déterminera si le secteur maritime deviendra un modèle écologique ou un frein aux ambitions climatiques globales.

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