Le Directeur général du Port Autonome de Dakar (PAD), Waly Diouf Bodian, invité dans l’émission Débat de fond sur la 2stv, a dressé un état des lieux peu favorable tout en exposant des perspectives ambitieuses pour révolutionner le port. Entre diversification des investissements, modernisation des infrastructures et rationalisation des ressources humaines, les lendemains du PAD s’annoncent déterminants à l’échelle sous-régionale.

Un état des lieux inquiétant

Le Port de Dakar connaît des difficultés à rentabiliser son potentiel économique. Selon le directeur Waly Diouf Bodian, le chiffre d’affaires n’est pas conséquent. En effet, pour illustrer ce fait, il révèle : « Le chiffre d’affaires du port équivaut au bénéfice de Dp World qui est un concessionnaire ».

Ce constat alarmant révèle le retard du PAD, classé à la 381ème place derrière tous les ports de la sous-région, à l’exception de Banjul, malgré son statut de première place portuaire, une position stratégique par rapport aux autres ports africains.

Avec un règlement d’exploitation qui date de 1965 et des tarifs faibles revisités en 2018, le port peine à capter un bénéfice conséquent. En guise d’exemple, le Directeur du port a révélé que cet état de fait s’explique par une masse salariale assez lourde qui s’élève à 30 milliards pour 2500 travailleurs sur un capital de 70 milliards.

Pour la question des ressources humaines qui a fait couler beaucoup d’encre depuis son installation, le Directeur a révélé que le port a plus de travailleurs que ce qu’il a besoin. Le port compte actuellement plus de 700 contrats à durée déterminée (CDD).

Il a rappelé qu’un audit a été engagé et a révélé des résultats préoccupants. Pour les contrats arrivés à terme, il a assumé que seuls les travailleurs indispensables seront reconduits pour bénéficier de contrats à durée indéterminée (CDI). « Les emplois doivent servir à quelque chose. » « Ce qui m’intéresse, c’est la qualité, pas le nombre », affirme-t-il.

Face aux accusations de licenciements, le Directeur a réaffirmé sa radicalité face à tout ce qui concerne la gestion des biens publics. Le Directeur du port a décrié la gestion de ces prédécesseurs qui, selon lui, ont effectué des recrutements pour satisfaire une clientèle politique. Ce qui en grande partie justifie la situation difficile que traverse le port avec des recrutements parfois non justifiés qui avoisinent les 2000.

Vers un hub régional

Le plan de repositionnement s’inscrit dans une démarche stratégique pour révolutionner le port. Waly a fait savoir que le port tend vers une saturation du trafic qui avoisine 850.000 EVP et une capacité d’accueillir certains grands bateaux avec ses 13 mètres de profondeur. Pour régler cette situation, il va compter s’appuyer sur le port de Ndayane qui dispose d’une profondeur de 18 mètres offrant des perspectives de concurrence régionale accrue.

L’autre révolution va porter sur la diversification des activités du port

Ce défi va passer essentiellement par des investissements. Selon Waly, le port va engager des investissements dans des domaines comme l’immobilier pour permettre au port d’engranger plus de bénéfices. Il compte s’inspirer des stratégies appliquées à l’extérieur en optimisant le foncier du port pour en faire un vrai hub.

L’autre aspect de ce changement de paradigme concerne la digitalisation des services. Cette stratégie va permettre, selon lui, de réduire les dépenses et faciliter le travail. En dernier lieu, le directeur a abordé la question du capital humain qui mérite des conditions décentes avec des perspectives de carrière encourageante pour contribuer au développement du port autonome de Dakar.

La Rédaction