Mme Aida SECK NDIAYE Directrice Générale de AIMAC
6 mai 2025 / 11:54

                                               Magasine n°12 Les Femmes dans la Supply Chain

À la tête de l’Académie Internationale des Métiers de l’Aviation Civile (AIMAC), Mme Aïda Seck Ndiaye incarne l’ambition sénégalaise de hisser le pays au rang de hub aérien régional. Dans cet entretien exclusif, la Directrice Générale d’AIMAC, filiale de l’AIBD revient sur son parcours atypique alliant finance et transport aérien et présente la mission de sa structure : former une nouvelle génération de professionnels pour répondre aux normes internationales et soutenir le développement stratégique du secteur.

Parlez-nous de votre parcours et cursus professionnel

Merci Africa Supply Chain pour cet intérêt que vous portez à l’Académie Internationale des Métiers de l’Aviation Civile (AIMAC) et en moi même en qualité Directrice Générale de cette institution. Je me nomme Mme Ndiaye Aida Seck, je suis une professionnelle du secteur du transport aérien, avec une formation de base en finance.

Dès le début de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de travailler dans le secteur du transport aérien dans la banque d’affaires qui était en charge de la structuration de la redevance de développement des infrastructures aéroportuaires qui est le levier qui a permis la mise en place de l’aéroport international Blaise Diagne.

Durant ma carrière, j’ai toujours eu à évoluer autour de ce secteur en étant conseillère spéciale du ministre en charge des transports aériens et de l’énergie mais aussi de la coopération internationale. J’ai ensuite rejoint AIBD SA où j’ai eu l’opportunité depuis 2021 de participer au développement du secteur dans le cadre de la mise en œuvre des projets du plan stratégique hub aérien.

AIMAC est une filiale de AIBD, quelles sont vos offres de formations ?

« On est en train de construire un centre de maintenance aéronautique tout en démocratisant le secteur, c’est-à-dire en rénovant tout le réseau des aéroports nationaux. Nous avons déjà Saint Louis qui est fonctionnel et nous allons vers l’ouverture prochaine de Ziguinchor. »

Le Plan Stratégique hub aérien est la feuille de route que le Sénégal a définie et a validé pour pouvoir être d’ici 2035 une plateforme de référence sinon le premier hub aérien de la sous-région. Et dans le cadre de cette ambition, il est important de disposer d’infrastructures aéroportuaires modernes, diversifiés.

On dispose aujourd’hui d’une belle aérogare, et on est en train de travailler sur l’extension de cette aérogare pour augmenter sa capacité jusqu’à 5 millions de passagers. AIBD SA est train de construire un centre de maintenance aéronautique tout en démocratisant le secteur, c’est à dire en rénovant tout le réseau des aéroports nationaux. Nous avons déjà Saint Louis qui est fonctionnel et nous allons vers l’ouverture prochaine de Ziguinchor.

Tout cela pour accompagner la valorisation des pôles économiques territoriaux à travers tout le Sénégal. En parallèle, il a été identifié comme important d’accompagner le capital humain à être formé aux meilleurs standards internationaux pour bien pouvoir accompagner cette ambition. Comme vous savez le secteur du transport aérien est très normé et ces questions de formations sont des enjeux de sécurité et de sureté conformément à la réglementation internationale qui régit ce secteur.

C’est dans ce cadre qu’il a été jugé parmi les projets prioritaires de diligenter ce projet de renforcement de capital humain du secteur avec cette filière de AIBD SA qui est dédié à ce volet. Dans un premier temps, accompagner les professionnels à renforcer leurs compétences en continu. C’est une exigence réglementaire que les autorités du secteur international exigent de chacun des acteurs de l’écosystème du secteur du transport aérien.

Mais aussi former la jeunesse sénégalaise à capter les opportunités d’emplois qui doivent découler de la mise en œuvre de ce projet du hub aérien. Le secteur du transport aérien est très mythique, nous avons une grande communauté de passionnés qui nous suivent dans nos activités et nous nous donnons une mission de sensibilisation de promotion de ce secteur qui est un levier de premier plan pour notre pays.

Quelle place occupe la formation en logistique notamment dans l’exploitation du fret aérien ?

« …l’extension des capacités de traitement du fret est effectivement une autre urgence et un projet prioritaire que l’état du Sénégal compte mettre en œuvre pour accompagner l’optimisation de l’exploitation du fret sur notre plateforme. »

Une question très intéressante qui me donne l’opportunité de dire que l’ambition que nous avons ce n’est pas seulement d’attirer plus de passagers mais aussi plus de fret. Nous avons la chance au Sénégal grâce à notre position géographique privilégiée d’être la porte d’entrée d’un très grand marché national mais aussi communautaire. Nous desservons tous nos pays frères de la sous-région. Le fret a la particularité d’être un trafic résilient.

Durant la pandémie du Covid, le trafic passager a été suspendu pour des raisons que nous connaissons. Parallèlement le trafic fret a connu une certaine résilience et a permis de continuer à entretenir l’activité sur la plateforme. C’est dans ce sens que l’extension des capacités de traitement du fret est effectivement une autre urgence et un projet prioritaire que l’état du Sénégal compte mettre en œuvre pour accompagner l’optimisation de l’exploitation du fret sur notre plateforme.

Et pour ce faire en cohérence avec notre mission nous avons développé un programme de formation professionnelle sous la supervision du ministère de la formation professionnelle. Le but est de mettre en place une formation qui allie la théorie et la pratique pour permettre aux jeunes de bénéficier des opportunités qui découlent de ces projets.

Le fret est un trafic très dynamique sur la plateforme aéroportuaire de Dakar. Et aujourd’hui, notre première promotion est en fin de formation théorique et va intégrer le réseau de nos partenaires notamment l’Union des acteurs du Fret pour pouvoir effectuer une immersion en entreprise pour quelques mois.

Quel es le rôle de AIMAC dans la formation des pilotes de l’armée de l’air et des techniciens de l’aviation civile à AIBD ?

Le projet AIMAC dans sa globalité est un bel exemple de coopération civile et militaire. Le renforcement du capital humain et l’urgence qui lui était attaché ont fait que pour la mise en œuvre la réflexion a porté sur comment accélérer la mise en œuvre du projet. Et on s’est rendu compte que l’école de l’armée de l’air avait une certaine expertise et une expérience en matière de formation dans les métiers de pilotage et de la maintenance d’aéronef.

C’est dans ce sens que dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique hub aérien, il avait été retenu dans le cadre de la première phase du projet de renforcement du capital humain AIMAC, de renforcer d’abord l’école de l’armée de l’air en équipement et en infrastructures pour lui permettre de répondre aux normes civiles et être en capacité de former aux normes nationales et internationales des pilotes et des techniciens de maintenances d’aéronefs.

C’est ce qu’on appelle des métiers à licence et l’activité de formation est assujettie à la supervision des autorités de l’aviation civile nationale mais ici aussi on a ajouté une touche supplémentaire, une certification européenne, une licence dont les élèves qui sortent de cette école vont bénéficier.

C’est un exemple de coopération civile et militaire pour se donner les éléments d’accélération de la mise en œuvre du projet sur la base de l’expertise et du savoir-faire de chacun. AIBD était le levier financier, l’école de l’armée de l’air sous la supervision de l’état-major de l’air était le maitre d’ouvrage délégué pour pouvoir mettre en place cette première étape très significative.

Ce qui nous a donné la satisfaction de voir une première promotion d’élèves civiles entièrement formés au Sénégal des techniciens en maintenance d’aéronefs qui ont reçu leurs licences récemment.

L’actualité de l’aviation civile au Sénégal est dominée par les problèmes d’Air Sénégal, quelles sont vos relations avec la compagnie nationale ?

« Dans le cadre de l’accompagnement du pavillon national pour qu’il y ait vraiment les outils de compétitivité. Il était important de former des jeunes sénégalais qui peuvent assurer l’exploitation au lieu de faire recours à des expatriés qui mathématiquement sont plus chers que de recruter des locaux. »

Cette première promotion d’élèves qui sont sortis de l’école de l’armée de l’air, je précise que ce sont des cadets d’Air Sénégal. Ils doivent intégrer le staff d’Air Sénégal pour pouvoir participer à l’amélioration de la performance opérationnelle et financière. Le capital humain, le personnel navigant technique, les pilotes et la maintenance d’aéronefs ce sont de postes qui sont particulièrement budgétivores.

Dans le cadre de l’accompagnement du pavillon national pour qu’il y ait vraiment les outils de compétitivité, il était important de former des jeunes sénégalais qui peuvent assurer l’exploitation au lieu de faire recours à des expatriés qui mathématiquement sont plus chers que de recruter des locaux.

Et parallèlement au projet de centres de maintenance d’aéronefs d’avoir une capacité de maintenir jusqu’à un certain niveau nos avions ici au Sénégal. Ce sont deux éléments qui sont spécifiquement adressés pour accompagner la relance du pavillon national AIR Sénégal avec qui nous avons une relation très privilégiée.

Notre première mission c’est d’accompagner les professionnels à entretenir en continu leurs compétences, identifier les gaps dans le secteur pour pouvoir accompagner ces professionnels de tous les acteurs de l’écosystème à mettre à jour leurs compétences de manière régulière.

Ce sont des éléments d’appréciation que toutes les inspections internationales, toute personne qui veut apprécier la qualité du secteur du transport aérien au Sénégal évaluera de manière approfondie.

L’aviation civile est un secteur qui nécessite beaucoup de capitaux, est ce que le gouvernement actuel est résolument engagé à accompagner AIMAC dans ses investissements ?

Oui, c’est un secteur qui nécessite un budget d’investissement relativement conséquent. Nous avons la chance d’avoir des projets qui ont une certaine rentabilité commerciale et nous avons l’accompagnement de l’État qui a confirmé l’importance de la formation dans ce secteur. Nous avons eu l’honneur d’avoir l’actuel président de l’Assemblée Nationale en son temps Ministre des Infrastructures et des Transports Terrestres & Aériens (MITTA), Monsieur Malick Ndiaye qui avait procédé à l’inauguration du campus de Dakar.

Et à cette occasion, il n’avait pas manqué de préciser qu’il ne fallait pas être regardant sur les besoins d’investissement dans ce secteur parce que c’est vraiment des éléments à fort impact et structurant pour le secteur en lui-même mais aussi pour toute l’économie nationale parce que l’aéroport reste la porte d’entrée du Sénégal.

Pour dire aujourd’hui que nous avons l’accompagnement de l’Etat, la validation de cette urgence avec les réorientations qui ont été données et il nous appartient de mettre en place des initiatives pour trouver des solutions financement cohérentes par rapport au profil commercial de ces projets. Ce n’est pas seulement le marché national que nous devons capter mais le marché sous régional parce que ce sont des projets qui n’existent pas dans la sous-région.

La journée internationale de la femme arrive bientôt, quel est votre message à l’endroit des femmes ?

« Être femme est une mission noble qui nous été consacrée même dans le cadre de la religion, c’est ce que je dis souvent nous sommes choyées. Mais le maitre mot que je donnerai à nos petites sœurs dans le cadre de leurs activités professionnelles, c’est la résilience. »

Le 8 mars est une occasion privilégiée que nous avons en tant que femmes particulièrement femmes-managers de partager notre petite expérience. Être femme est une mission noble qui nous a été consacrée même dans le cadre de la religion, c’est ce que je dis souvent nous sommes choyées. Mais le maitre mot que je donnerai à nos petites sœurs dans le cadre de leurs activités professionnelles, c’est la résilience.

Parce que les défis sont nombreux, les responsabilités sont diverses. Nous avons les responsabilités familiales, conjugales et aussi professionnelles, c’est vraiment un ensemble qui n’est pas toujours facile à équilibrer au quotidien mais seule la résilience et cette force que nous pouvons avoir peuvent nous permettre d’être à même de relever ces défis.

En tant que manager, c’est toujours cet esprit de famille d’équipe que j’essaie d’insuffler à mes collaborateurs pour mettre en place un cadre de travail qui permet répondre de manière optimale à nos missions et consolider cette solidarité entre femmes qui nous permettra de construire une certaine résilience toutes ensemble.

Un mot pour le magazine Africa Supply Chain

« La logistique a besoin d’un support qu’il soit portuaire ou aéroportuaire. Donc, ce sont deux domaines qui sont amenés à collaborer de manière étroite. »

Je tiens à remercier le Groupe ALM et le magazine Africa Supply Chain pour tout l’intérêt que vous avez porté à AIMAC. C’est avec beaucoup intérêt que nous suivons vos activités, nous vous encourageons vivement à faire la promotion de ces secteurs qui sont très structurants et très stratégiques pour nos économies.

La logistique qu’elle soit portuaire ou aéroportuaire à besoin d’un support. Donc, ce sont deux domaines qui sont amenés à collaborer de manière étroite. Nous tenons à vous renouveler toute notre disponibilité et notre intérêt à poursuivre une collaboration parce que cela ne peut être que bénéfique de nos secteurs respectifs.

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