Réduire l’émission carbone passe par davantage de multimodalité dans l’acheminement des marchandises. La filière fluviale entend profiter de ces opportunités. L’Etat alloue des fonds pour moderniser le réseau.
Optimiser les chaînes d’approvisionnement grâce au digital pour les rendre à a fois plus efficientes et moins polluantes passe par davantage de multimodal : le recours, selon le besoin, au mode de transport le plus adapté : maritime, aérien, terrestre – routier ou ferroviaire – mais aussi fluvial. L’intelligence artificielle est dans ce domaine un spectaculaire accélérateur, sur la voie d’un multimodal « seamless ».
Les acteurs de la filière comptent bien en faire aussi un moteur de croissance, pour aller bien au-delà des 50 millions de tonnes de marchandises transportées par exemple en 2022. « Sur les fleuves et les rivières, les infrastructures ne sont pas saturées.
Il est possible de quadrupler la fréquentation actuelle », assure Didier Leandri, président de la fédération Entreprises fluviales de France (E2F).
Le fret fluvial se redécouvre à coups de grands travaux et de prise de conscience écologique. L’Etat a donc mis sur la table des fonds pour moderniser et réhabiliter les voies fluviales existantes, et développer de nouveaux réseaux fluviaux comme le canal Seine-Nord .
En décembre 2023, le dernier contrat d’objectifs et de performance avec Voies navigables de France (VNF) sur 2020-2029 envisageait un investissement de l’Etat de plus de 3 milliards d’euros sur dix ans.
« C’est un mode de transport qui a la qualité d’émettre moins de CO2 », souligne le président d’E2F. Plusieurs entreprises de logistiques redécouvrent les vertus de la filière fluviale. De grands groupes comme Geodis, Lyreco ou encore Franprix ont déjà franchi le pas.
Verdir sa chaîne d’approvisionnement
L’opérateur national Voies navigables de France propose aussi d’accompagner financièrement les entreprises à réaliser un report modal de leur flux vers le fluvial et à verdir leurs flottes. VNF gèrent des enveloppes de respectivement 26,76 millions d’euros sur 2018-2022 et de 20 millions d’euros sur 2023-2027.
« Le transport fluvial est le plus décarboné. Il y a de quatre à cinq fois moins d’émissions de gaz à effet de serre », affirme Anne Debar, directrice générale déléguée de Voies navigables de France.
L’opérateur national Voies navigables de France propose aussi d’accompagner financièrement les entreprises à réaliser un report modal de leur flux vers le fluvial et à verdir leurs flottes. VNF gèrent des enveloppes de respectivement 26,76 millions d’euros sur 2018-2022 et de 20 millions d’euros sur 2023-2027.
« Le transport fluvial est le plus décarboné. Il y a de quatre à cinq fois moins d’émissions de gaz à effet de serre », affirme Anne Debar, directrice générale déléguée de Voies navigables de France.
Si cela concerne plus de 80 % de l’activité, des start-ups viennent innover dans le secteur pour transporter des colis, des boissons ou encore des meubles sur le dernier kilomètre. Ikea fait notamment partie des entreprises qui ont misé sur le transport fluvial pour livrer ses clients à Paris. « C’est encore très récent. Cette logistique est réalisée sur de courtes distances avec un tonnage moins élevé, et avec plusieurs nouveaux marchés comme le traitement des déchets », détaille Anne Debar.
Ce service de livraison sur le dernier kilomètre est encore jeune et non comparable avec le secteur traditionnel. Néanmoins, il répond à une volonté de verdir la filière de la part des transporteurs comme Urban Logistic Solutions ou Fludis . Ces deux jeunes pousses transportent les marchandises par voie fluviale, puis grâce à des vélos-cargos pour assurer les livraisons dans les centres-villes.
Accompagner la réindustrialisation
En novembre dernier, l’Etat a annoncé la labellisation de 183 territoires engagés dans la réindustrialisation. « Le fluvial est un atout pour la réindustrialisation car ce sont des territoires souvent situés à proximité des fleuves », observe Didier Leandri. La filière participera donc à la décarbonation de cette nouvelle industrie.
Alors que les politiques publiques encouragent la filière du fluvial, « le plus dur pour les entreprises, c’est de franchir le pas, analyse la directrice générale déléguée de VNF, car le maillon de fluvial n’est pas toujours envisagé par les acteurs de la logistique. » Un maillon qui a pourtant une forte marge de progression dans un secteur en pleine transition environnementale.
Audrey Guettier
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