Au cours des deux dernières années, le secteur mondial de la logistique a été affecté par des perturbations sans précédent de la chaîne d’approvisionnement, allant des fermetures de ports aux coûts élevés du fret, en passant par les pénuries de matériel et de personnel et les crises géopolitiques.

Ces défis ont révélé les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement et mis en évidence la nécessité d’une résilience et d’une adaptabilité intégrées.

Pour réussir dans l’année à venir, les opérateurs logistiques doivent utiliser les outils et les technologies disponibles pour anticiper et surmonter les sources de perturbation, telles que les fluctuations des prix du pétrole et les tensions géopolitiques. Voici les cinq principales tendances dont le secteur doit être conscient :

L’essor du big data

La pandémie a démontré l’importance vitale des données et de la transparence pour les chaînes d’approvisionnement. Un système de données solide permet aux entreprises d’identifier rapidement les problèmes et les perturbations, de prendre des contre-mesures et d’établir des prévisions pour l’avenir.

L’industrie adopte des capteurs, des tableaux de bord et d’autres dispositifs et technologies de collecte de données pour exploiter les flux de données structurés et non structurés afin d’améliorer la visibilité de la chaîne d’approvisionnement de bout en bout.

En collectant et en utilisant les bonnes données, les entreprises de logistique peuvent élaborer et déployer des stratégies optimisées le long des segments de la chaîne d’approvisionnement, acquérir une plus grande visibilité et améliorer les niveaux de service. Dans le même ordre d’idées, l’analyse des big data devrait devenir la norme d’ici cinq ans.

La technologie blockchain prend de l’importance

Selon Rand Merchant Bank (RMB), le commerce intra-africain pourrait augmenter de 30 % au cours des cinq prochaines années, en partie grâce à la numérisation et à la blockchain. Aujourd’hui, le secteur de la logistique en Afrique est encore assez gourmand en papier lorsqu’il s’agit de documentation. En adoptant des alternatives numériques pour le dédouanement et d’autres processus, le commerce peut être rationalisé, ce qui permet de réduire les coûts administratifs et d’accroître l’efficacité.

Comme l’Accord de libre-échange du continent africain (AFCFTA) permet aux marchandises, aux capitaux et aux informations de circuler librement et facilement à travers les frontières, la technologie blockchain peut également contribuer à réduire de nombreux goulets d’étranglement dans le commerce mondial.

Il s’agit notamment de l’approvisionnement, de la gestion du transport, du suivi et de la traçabilité, de la collaboration douanière et du financement du commerce. De tels avantages réduisent considérablement les obstacles au commerce, ce qui constitue une incitation financière à la mettre en œuvre le plus tôt possible.

Une attention constante à la durabilité

On estime que les chaînes d’approvisionnement génèrent environ 60 % de toutes les émissions de carbone au niveau mondial et qu’environ 90 % des émissions d’un produit proviennent de ses chaînes d’approvisionnement.

Alors que de plus en plus de clients exigent des produits et des services durables, que la législation en matière de transparence entre en vigueur et que les pays visent le “Net Zero” d’ici 2050, il existe une pression évidente en faveur de chaînes d’approvisionnement plus durables.

Pour y parvenir, le secteur de la logistique devra adopter de nouvelles technologies et approches. Nous verrons la circularité émerger comme une tendance clé dans l’année à venir. Actuellement, seuls 8,5 % de la consommation totale de matériaux de la société sont recyclés ou réutilisés.

Les organisations logistiques chercheront à exploiter les opportunités dans tous les segments de la chaîne d’approvisionnement pour améliorer leurs efforts en matière de développement durable en appliquant les principes de circularité, afin de répondre aux attentes des clients et d’atteindre des objectifs ambitieux en matière de développement durable.

Amélioration de la collaboration homme-machine

La robotique et l’automatisation n’en sont qu’à leurs débuts dans le secteur africain de la logistique. Cependant, ces technologies démontrent déjà leur potentiel. Au cours des prochaines années, nous assisterons probablement au passage d’installations entièrement humaines à des installations collaboratives homme-machine.

En Afrique du Sud, par exemple, nous envisageons d’introduire des technologies supplémentaires qui sont testées dans d’autres entrepôts à l’étranger, notamment des robots pour aider les employés à soulever des marchandises lourdes et des lunettes portables qui aident les employés à scanner automatiquement les codes-barres des colis simplement en les regardant. Dans ces futurs entrepôts logistiques, les hommes et les robots travailleront ensemble pour gagner en rapidité et en efficacité.

Ces robots collaboratifs seront essentiels pour améliorer la sécurité des travailleurs, la productivité et la satisfaction des clients. Les machines ne remplaceront pas la main-d’œuvre humaine, mais la compléteront, en particulier pour le travail manuel et les tâches répétitives.

Cela devrait rendre les emplois plus sûrs et plus axés sur les tâches à plus forte valeur ajoutée. Ces fonctions sont plus attrayantes, ce qui incite davantage d’employés à rejoindre le marché du travail, une situation bénéfique à la fois pour les employeurs et les employés.

Un grand potentiel pour les années à venir

Divers facteurs réduisent les possibilités de croissance économique de la région africaine, et le secteur de la logistique n’a qu’une influence limitée sur plusieurs d’entre eux. Cependant, le secteur dispose d’un énorme potentiel pour catalyser la croissance économique s’il prend aujourd’hui des mesures pour préparer ses chaînes d’approvisionnement à l’avenir.

Amadou Diallo : PDG de DHL Global Forwarding, Moyen-Orient et Afrique