Le Maroc émerge comme une alternative crédible pour les pays de l’AES (Alliance des États du Sahel). Une compétition s’annonce avec les ports ouest-africains historiques.
Le Maroc pourrait bousculer la carte portuaire en Afrique de l’Ouest. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, confrontés à des tensions diplomatiques avec leurs partenaires traditionnels (Côte d’Ivoire, Bénin), explorent désormais les ports marocains. Une délégation de l’AES a discuté de l’accès aux ports atlantiques du Royaume, une piste évoquée depuis 2023. Selon des analystes, cela pourrait redessiner le commerce maritime sahélien.
Ces trois pays représentent un enjeu majeur pour les ports ouest-africains. Avant les crises, près de 30 % du trafic du port de Cotonou était destiné au Niger. Le Burkina Faso captait plus de 80 % du transit du port de Lomé et était un client clé d’Abidjan et Tema. Le Mali, lui, dépendait largement de Dakar. La compétition entre ports s’intensifie, avec des investissements massifs en infrastructures. L’arrivée du Maroc pourrait fragmenter ce marché.
Le Royaume dispose d’atouts majeurs. Tanger Med, le port le plus performant d’Afrique, sert déjà de hub pour les géants du maritime. Le Maroc possède aussi des compagnies publiques et privées capables d’assurer le cabotage régional. Cependant, une hausse du trafic nécessiterait des investissements supplémentaires pour renforcer les capacités logistiques.
Des défis persistent. Le fret vers l’AES implique soit de traverser le Sahara Occidental, zone sensible, soit de passer par la Mauritanie. Pour le Burkina Faso et le Niger, le trajet rallongé via le Mali pose des risques sécuritaires, liés à la présence de groupes terroristes. Malgré ces contraintes, le Maroc reste une option sérieuse pour redynamiser le commerce sahélien.
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