La féminisation de la supply chain : une avancée lente, incertaine mais cruciale
Par redaction
25 mars 2025 / 11:39

                               (Magazine n°12 Les femmes dans la supply chain n°12)

Un secteur encore très masculin, malgré les initiatives. Le transport et la logistique restent des bastions masculins, où les femmes peinent encore à se faire une place. Pourtant, des initiatives comme WiLAT (Women in Logistics and Transport) œuvrent activement pour promouvoir ce secteur auprès des travailleuses et encourager leur ascension professionnelle. Dr Dorothy Chan, présidente mondiale de WiLAT, le soulignait dès 2019 : « Nous sommes fermement convaincus que la diversité et l’encouragement à une plus grande participation des femmes dans notre secteur… seront bénéfiques pour l’industrie. »

Mais pour transformer cette conviction en réalité, les entreprises de logistique urbaine doivent s’attaquer aux inégalités structurelles et lever les conciliations entre vie professionnelle et personnelle, mais aussi une remise en question des stéréotypes de genre qui persistent dans la supply chain. Car au-delà d’un simple enjeu sociétal, il s’agit d’un impératif économique et stratégique (Jaegler et al., 2023).

Un plafond de verre toujours bien présent

Malgré ces appels au changement, les chiffres restent alarmants. En 2022, les femmes représentaient seulement 33,5% des étudiants en master spécialisé supply chain, et à peine 17% des cadres dirigeantes (Ruel et Jaegler, 2021). Deux ans plus tard, des progrès sont visibles : 39% des effectifs sont désormais féminins, toutes fonctions confondues, et moins de 30% aux postes seniors (Gartner, 2024).

Cependant, cette avancée reste fragile. Un phénomène bien connu freine encore les carrières féminines : le « leaky pipeline ». Autrement dit, les femmes quittent progressivement le secteur au fil de leur parcours, que ce soit après un stage, à l’arrivée d’un enfant, ou face à un plafond de verre qu’elles jugent infranchissable.

Pourtant, 71% des entreprises affirment vouloir augmenter le nombre de dirigeantes. Mais paradoxalement, elles sont 13% de moins à mettre en place des actions spécifiques à la supply chain, et les inégalités salariales persistent (Gartner, 2024).

Le COVID-19 a aussi aggravé la situation, effaçant nombreux freins qui empêchent l’intégration et la progression des femmes. Cela implique des politiques concrètes sur l’égalité des chances, la en un an des décennies de progrès vers l’égalité femmes-hommes.

« Le constat est clair : la féminisation de la supply chain est loin d’être un acquis et nécessite un engagement ferme et durable. »

Un atout sous-exploité pour la performance des entreprises. Au-delà de la question de parité, la place des femmes dans la supply chain est aussi un levier de compétitivité. Les recherches montrent que :

  1. Les femmes sont plus collaboratives que les hommes
  2. Les équipes sont plus enclines à coopérer lorsqu’une femme est impliquée dans le partenariat 
  3. Les duos féminins surpassent toutes les autres combinaisons en matière d’efficacité et de performance (Ma et al., 2021).

Or, dans un environnement où collaboration et agilité sont devenues des clés de succès, peut-on encore se permettre d’ignorer ce potentiel ? Vers un objectif de 50% ? Le mouvement est lancé. Mais la question reste entière : les entreprises auront-elles le courage et la volonté d’aller jusqu’au bout du changement?

Atteindre 50% de femmes dans la supply chain, est-ce un rêve lointain ou un objectif atteignable ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la diversité n’est pas une contrainte, c’est une opportunité.

Anicia JAEGLER : Professeur titulaire en supply chain durable Kedges Business School

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