Pour désenclaver ses zones agricoles et désengorger ses ports maritimes, le Nigeria mise sur la ville de Jos. Un ambitieux projet vient d’y être lancé.
Confronté à la saturation des ports de Lagos et Port Harcourt et à l’isolement logistique de ses zones agricoles intérieures, le Nigeria explore une nouvelle voie. Le 4 juin 2025, la Federal Airports Authority of Nigeria (FAAN) a signé un protocole d’accord avec le gouvernement de l’État du Plateau pour transformer l’aéroport Yakubu Gowon de Jos en un hub agro-cargo.
« L’objectif est de faire de Jos une plaque tournante pour l’exportation de produits agricoles vers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe », a indiqué la FAAN sur X.
Le projet prévoit la mise en place de zones de traitement, d’un port sec et d’infrastructures modernes : terminal cargo, installations frigorifiques et plateforme multimodale. La FAAN apportera son expertise technique, tandis que le gouvernement local fournira les terrains et mobilisera les acteurs économiques.
Ce dispositif vise à réduire les pertes agricoles post-récolte, qui atteignent jusqu’à 50 % de la production annuelle — soit environ 3500 milliards de nairas (2,23 milliards USD), selon les autorités.
La ville de Jos, au cœur d’un important bassin agricole (pommes de terre, tomates, mangues), souffre d’un manque d’accès aux corridors logistiques. Cette initiative entend désenclaver cette région, réduire les coûts de transport et renforcer la compétitivité du Nigeria face à des hubs émergents comme ceux de la Côte d’Ivoire, du Ghana ou de l’Éthiopie.
Le projet s’inscrit dans la stratégie de diversification économique post-pétrole, soutenue par le Nigerian Export Promotion Council et la Banque africaine de développement.
Cependant, les autorités restent prudentes : un projet similaire lancé il y a dix ans dans l’État de Nasarawa a échoué malgré un investissement de 10 milliards de nairas.
L’aéroport cargo y est resté inopérant, faute de coordination, de stratégie logistique intégrée et de partenariats avec les opérateurs privés. Les promoteurs de Jos veulent éviter ce scénario en misant sur une approche plus structurée et collaborative.
0 commentaires