Une étude d’Afreximbank examine l’impact des investissements directs étrangers sur le commerce intra-africain et la croissance économique en Afrique. Les résultats révèlent une relation complexe, mettant en évidence à la fois des effets positifs et négatifs des IDE, ainsi que le rôle crucial du commerce intra-africain dans la croissance économique des pays du continent.
Couvrant 54 pays africains, cette analyse intitulée « Intra-African Trade and Economic Growth in Africa : The Role of Foreign Direct Investment» apporte un éclairage neuf sur ces enjeux cruciaux.
Selon les résultats, les investissements directs étrangers (IDE) ont un effet positif sur le commerce intra-africain. En effet, les pays ouverts aux investissements étrangers tendent à développer une capacité d’absorption propice au secteur privé et à gagner un avantage concurrentiel dans le commerce régional. Les IDE, qu’ils soient des investissements verts ou des acquisitions, stimulent ainsi les activités commerciales du pays d’accueil.
Fait remarquable, le commerce intra-africain exerce lui-même un impact positif direct sur la croissance économique. En développant les échanges commerciaux entre pays africains, les économies optimisent les gains de la mondialisation et facilitent l’atteinte d’une croissance soutenue. Ces conclusions renforcent l’hypothèse selon laquelle l’ouverture commerciale régionale est un moteur de prospérité.
Pris isolément les IDE ont, paradoxalement, un effet négatif significatif sur la croissance économique. Ceci suggère que les pays receveurs ne canalisent pas toujours efficacement ces investissements vers des secteurs productifs, atténuant leur impact global. Les externalités négatives peuvent ainsi l’emporter sur les effets positifs escomptés des IDE.
Complémentarité croissante entre IDE et échanges régionaux
L’étude souligne cependant un constat clé : l’impact positif du commerce intra-africain sur la croissance est renforcé lorsque les IDE augmentent. Il existe donc une complémentarité croissante entre IDE et échanges régionaux. Lorsque les économies développent leur commerce intra-africain tout en attirant les investissements étrangers, elles bénéficient d’un cercle vertueux stimulant leur prospérité globale.
Ces conclusions ont d’importantes implications politiques. Les pays africains gagneraient à promouvoir un cadre propice aux investissements privés tout en renforçant l’intégration commerciale régionale. Une telle synergie entre ouverture aux IDE et politiques commerciales intra-africaines représente un levier puissant pour catalyser une croissance économique durable et inclusive sur le continent.
En définitive, cette analyse révèle que le commerce intra-africain constitue un vecteur de croissance économique robuste, amplifié par les flux entrants d’IDE. Une coordination stratégique des politiques d’investissement et commerciales apparaît donc indispensable pour libérer tout le potentiel de développement de l’Afrique.
L’insuffisante intégration économique régionale en Afrique
L’Afrique, riche en ressources naturelles et en potentiel humain, se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif de son développement économique. Bien que confrontée à des défis de taille, le continent recèle également d’immenses opportunités susceptibles de stimuler une croissance durable et inclusive. Cependant, l’un des principaux défis reste l’insuffisante intégration économique régionale en Afrique.
Malgré l’ambition de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le commerce intra-africain ne représente que 16,6% des échanges totaux du continent, contre 68,1% en Europe et 59,4% en Asie, rapporte une étude datant de 2019 sur le développement économique en Afrique de la CNUCED.
Les obstacles tarifaires et non tarifaires, les infrastructures inadéquates et la fragmentation des marchés entravent la fluidité des échanges. Pourtant, une plus grande intégration régionale permettrait d’augmenter la compétitivité des entreprises africaines, d’attirer davantage d’IDE et de créer des chaînes de valeur régionales.
Méthodologie
L’étude ne cite nommément aucun pays en particulier. Elle couvre cependant les 54 pays africains sur la période 2004-2022. L’étude analyse plusieurs variables clés dans le but d’examiner le rôle des IDE sur la relation entre le commerce intra-africain et la croissance économique.
Les principales variables analysées sont le commerce intra-africain (mesuré par le logarithme naturel du volume total des exportations et importations entre pays africains, et par le ratio du commerce intra-africain sur le PIB).
Au titre des variables explicatives, l’étude analyse les entrées d’IDE (ratio des flux entrants nets d’IDE sur le PIB), une variable clé pour examiner son impact sur le commerce intra-africain et la croissance.
Au titre des variables de contrôle, sont analysés le développement financier, investissement total, emploi industriel, ouverture financière, croissance démographique, taux d’intérêt réel, taux de change effectif réel, institutions. Utilisées comme variables de contrôle standard affectant le commerce et la croissance.
Il faut souligner que l’étude emploie deux modèles principaux : un modèle expliquant le commerce intra-africain en fonction des IDE et des variables de contrôle et un modèle expliquant la croissance économique par le commerce intra-africain, les IDE, leurs interactions, et les variables de contrôle.
Ainsi, les variables analysées permettent d’isoler les effets directs et indirects des IDE et du commerce intrarégional sur la performance économique, tout en contrôlant pour d’autres facteurs pertinents. Cette approche vise à mieux comprendre les canaux et complémentarités par lesquels ces forces motrices influencent la croissance en Afrique.
Modeste Kouamé le360Afrique
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