Le projet de voie ferrée d’interconnexion, essentiel pour les autorités nigérianes, devient encore plus important maintenant que le Niger connaît une période délicate à cause de tensions avec le Bénin, marquée par la fermeture des frontières et de voies commerciales. Le Niger espère l’achèvement des travaux, tandis le Nigeria veut gagner des revenus supplémentaires.
« Nous mobilisons 375 millions USD pour financer la liaison ferroviaire entre le Nigeria et le Niger », a indiqué ce mercredi 29 mai 2024 Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement, lors de son discours inaugural aux rencontres annuelles de son institution à Nairobi.
En mars 2024, le Nigeria avait sécurisé 1,3 milliard USD auprès d’un consortium dirigé par la China Civil Engineering Construction Company (CCECC), qui contribue à hauteur de 85% à ce projet ferroviaire reliant Kano, la plus grande ville du nord du pays, à Maradi, pôle économique du Niger. Les 15% restants devraient être pourvus par le gouvernement nigérian avec le soutien d’institutions telles que la Banque Africaine d’Import-Export et la BAD, avaient indiqué les autorités nigérianes.
Les travaux lancés le 9 février 2021 et dont la livraison était initialement prévue pour 2025, sont achevés à 80% d’après plusieurs médias locaux. Le projet, qui s’étend sur une longueur totale de 284 km et dont le coût total initial est estimé à 2 milliards USD, est important pour les échanges entre les 2 pays qui partagent plus de 1 500 km de frontière.
L’ancien président nigérian, Muhammadu Buhari, qui avait accéléré le projet planifié depuis 2015, avait justifié face aux critiques, que cette infrastructure visait surtout à repositionner le Nigeria dans les flux commerciaux de la région, notamment avec le Niger, qui venait à l’époque de démarrer la construction d’un pipeline traversant le Bénin en vue de l’exportation de son pétrole.
L’ancien président nigérian avait clairement insisté sur l’importance stratégique de cette liaison pour les échanges de marchandises, notamment pétrolières, avec le Niger. « Les projets de chemin de fer sont dus à la découverte de pétrole en République du Niger. Nous ne voulons pas qu’ils passent par la République du Bénin pour les revenus pétroliers ; nous voulons qu’ils passent par le Nigeria », avait-il déclaré.
L’espoir est que le gouvernement nigérien fera passer ses exportations de pétrole et de marchandises par le Nigeria et non par le Bénin, qui reste le port naturel de ce pays sahélien, représente toujours une question d’actualité aujourd’hui, alors que le Niger et le Bénin ont vu leurs relations se refroidir depuis le coup d’État du 26 juillet 2023.
Le Bénin a depuis décidé de bloquer l’expédition du pétrole face au maintien de la fermeture des frontières par les nouvelles autorités nigériennes menées par le Général Tiani, malgré la levée des sanctions imposées par la CEDEAO au Niger.
Fiacre E. Kakpo, envoyé spécial à Nairobi
0 commentaires